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LES ÉTATS-UNIS
ET
LA RÉVOLUTION FRANÇAISE


I

L’amitié de la France et des États-Unis, qui, naguère encore, des deux côtés de l’Atlantique, s’est manifestée avec un rare éclat, offre un tel caractère de permanente durée qu’il n’a pu s’attacher aucun inconvénient à une récente publication[1] qui, marquant d’un trait sûr les écueils à éviter dans les relations internationales, ne fait que préciser les conditions et les règles de ce séculaire attachement.

Après la paix glorieuse issue de cette capitulation d’Yorktown, au lendemain de laquelle, remerciant Louis XVI « de l’aide toute-puissante » prêtée par les armes françaises à la jeune Amérique, Washington « demandait à Dieu de donner prospérité au Roi, à sa maison, à son peuple jusqu’à la fin des temps, » il en fut à peu près des relations des États-Unis avec la France, et des nuages qui les traversèrent, comme il en devait être, cent ans plus tard, après Magenta et Solferino, de nos rapports avec l’Italie reconstituée. Dans les deux cas, à près d’un siècle de distance, on peut, à un degré presque égal, vérifier cette vérité politique, commune à tous les temps, que la concordance des intérêts demeure la seule base

  1. Annual Report of the American historical Association : Correspondence of French Ministers to the United States, 1791-1797, Washington, Government Printing Office.