Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 33.djvu/53

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rapport, en ce qui concerne l’Algérie, sont des plus satisfaisans. On vient de procéder, dans le courant de mars dernier, au recensement de la population algérienne, et l’on n’en connaîtra les résultats que dans quelques mois. Mais l’on peut y suppléer, en partie, par les relevés du recensement de 1901, et par les données annuelles de l’état civil et des entrées et sorties de voyageurs, faisant connaître le gain résultant de l’excédent des naissances sur les décès et de l’immigration sur l’émigration.

On a vu que l’on ne pouvait estimer à plus de deux millions ou deux millions un quart le nombre des habitans de l’Algérie, en 1830, sous le régime des deys. Le recensement de 1901 a constaté la présence dans notre colonie de 4 739 556 personnes de toute nationalité et de toute origine ; c’est sensiblement plus que le doublement. Aucun État de l’Europe occidentale ou centrale n’a offert un aussi considérable développement de la population dans cette même période. Prenons ceux qui sont les plus remarquables sous ce rapport, à savoir la Belgique et l’Allemagne. La Belgique comptait 4 076 513 habitans en 1830 : elle en a 6 985 000 en 1903 ; c’est un accroissement de 75 pour 100 en chiffres ronds. L’Allemagne, sur le territoire actuel de l’Empire, avait 29 520 000 habitans en 1830 ; elle en comptait 59 495 000 en 1904[1] ; c’est tout juste le doublement.

Ainsi, l’accroissement de la population en Algérie depuis 1830 l’emporte sensiblement sur l’accroissement de la population belge et même de la population allemande dans la même période. Or, chacun sait que si, grâce à l’essor de l’agriculture et de l’industrie, le développement de la population a été très accentué, dans les deux derniers tiers du XIXe siècle, chez les peuples civilisés, particulièrement chez ceux dont le sous-sol est très riche en houille, le pain de l’industrie moderne, il n’en est aucunement de même chez les peuples musulmans, où la population ne montre aucune force ascensionnelle.

De 1901, date du dernier recensement, à 1906, la population de toute origine en Algérie a dû s’accroître encore de 200 000 à 300 000 âmes, et elle doit toucher maintenant le chiffre de 5 millions. Dans la seule année 1903, l’excédent des naissances sur les

  1. Annuaire statistique de la Belgique pour 1901, paru en 1905, p. 100 ; Statistisches Jahrbuck für das deutsche Reich, 1904, p. 2.