embarrassée. De toutes parts acculés ou débordés, essayaient-ils de se retrancher derrière le sénatus-consulte qui interdisait de critiquer la Constitution, on les débusquait et on les amenait à une discussion soutenue tour à tour avec emportement ou résignation. Attaquaient-ils les hommes de liberté, on leur objectait les idées libérales qu’ils feignaient d’appliquer. Soutenaient-ils des idées libérales, on leur opposait l’hostilité dont ils ne cessaient de poursuivre les libéraux. Tantôt ils disaient : « La liberté existe ; » tantôt : « Nous la refusons parce qu’elle a perdu tous les gouvernemens. » A quoi l’on répondait : « Si la liberté existe, vous ne pouvez pas dire qu’elle a perdu tous les gouvernemens, puisque vous êtes là ; si vous la refusez, parce qu’elle a perdu tous les gouvernemens, vous ne pouvez pas dire qu’elle existe. » L’Opposition, au contraire, manœuvrait fort à l’aise. Sans tenir compte d’aucune des concessions confirmées par le discours impérial, ne s’arrêtant qu’à ce qui n’avait pas encore été donné, elle n’atténua pas une seule de ses attaques ; elle les renouvela en les exagérant, mêlant le faux et le vrai, donnant autant d’importance aux accusations imaginaires qu’aux griefs sérieux, ne pouvant cependant pas réussir à se discréditer, tant était générale dans les classes politiques la prévention en sa faveur.
Dans une réédition de son discours sur les libertés nécessaires, Thiers groupa tous les griefs de l’opposition contre la politique intérieure du gouvernement, en insistant toutefois particulièrement sur la responsabilité ministérielle. La démonstration qu’il fit de la nécessité d’établir un véritable régime constitutionnel par l’introduction de cette responsabilité fut lumineuse : le Souverain lui-même y était avant tout intéressé… « Permettez-moi de vous le dire, je ne comprends pas l’aveuglement de ceux qui ne voient pas, dans ces fréquens retours sur le passé, la leçon si grave qu’ils contiennent. Si parce qu’il est resté sur les têtes souveraines, dans les règnes précédens, une partie de la responsabilité, si cette portion de responsabilité a suffi pour les accabler, que dire de ceux qui veulent que la responsabilité tout entière pèse aujourd’hui sur une seule tête ? »
Ici Rouher éclata : « On ne peut laisser violer ainsi la Constitution du pays. C’est un système de renversement. Il y a un sénatus-consulte que vous violez depuis une heure, et vous demandez après cela le respect des lois ! (Très bien ! ) » Thiers ne se laissa