Mexique, Sadowa, et surtout contre les armemens exagérés. « C’est à peine si certains candidats de l’opposition de 1863 eussent osé signer les professions de foi de certains candidats officiels de 1869. » Le journal de l’extrême droite lui-même, le Pays, se déclarait prêt à être libéral pourvu qu’on lui donnât la garantie que lui et ses amis garderaient les places : « Nous n’avons repoussé les libertés données ou promises que parce que l’on veut les faire passer par les mains d’hommes qui ne jouissent d’aucune considération, et qui ne méritent aucune confiance. Que M. Rouher, que M. Forcade de La Roquette, que M. de Persigny nous donnent les libertés et le couronnement de l’édifice, nous nous inclinerons et nous les suivrons… Mais que M. Emile Ollivier, ou M. Buffet viennent nous faire la loi, jamais, jamais !… Dans les affaires du tiers-parti, nous ne repoussons pas les idées mais les hommes[1]. »
Si on avait exclu tous ces néo-libéraux on n’aurait point eu de candidats officiels. On s’en tira par une distinction : le membre libéral de la majorité était-il dévoué à Rouher, on jugeait son libéralisme inoffensif et on le soutenait ; lui était-il suspect, son libéralisme devenait séditieux et on le condamnait. C’est ainsi que furent rejetés deux membres dont le dévouaient dynastique était incontestable : Pouyer-Quertier, orateur puissant, adversaire incommode dans les questions économiques, et Calley Saint Paul, financier expérimenté, qui avait ennuyé le Vice-Empereur dans la discussion des traités de la Ville et avait en outre le tort permanent d’être le beau-père du général Fleury, défenseur du système libéral auprès de l’Empereur. Forcade tentait quelquefois de résister aux sentences de son chef, mais il ne tardait pas à céder.
Du côté de l’opposition s’était opéré un changement encore plus radical. En 1863, « elle avait accepté partout la constitution et la dynastie, » les minorités volèrent pour la liberté « non contre l’Empire ; » le langage avait été « aussi modéré, aussi respectueux, aussi paisible que les doctrines[2]. » En 1869, les choses se passèrent de même en province ; tout en revendiquant la destruction du pouvoir arbitraire et la constitution d’un gouvernement constitutionnel réel, on resta attaché à l’ordre légal et on se déclara hostile à tout désir de révolution ; seulement au lieu d’exprimer ces vœux