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militaires ; de moyennement lucratifs qui ont moins varié — tels les charges judiciaires ; et de médiocres ou minimes qui ont grandement haussé — tels les emplois pédagogiques. J’ai avancé aussi, — et ces études le démontreront péremptoirement, — que le prix des services publics ou privés, le loyer du « capital humain », n’est pas arbitraire, mais obéit aux mêmes influences que le prix et le loyer de toute chose ; qu’il s’opère par exemple entre les professions bourgeoises un nivellement automatique, comme entre les métiers manuels : les copieux salaires appelant l’affluence, les salaires inférieurs décourageant et éloignant le candidat. Rien de pareil pour le clergé paroissial : ses gages étaient bas sous l’ancien régime ; au XXe siècle ils sont plus bas encore. Pourtant les prêtres ne manquent nulle part, ils remplissent le même office que leurs devanciers. Comme, à défaut d’avantages pécuniaires, les clercs actuels n’ont pas été tentés par des satisfactions de vanité ; comme l’État ne les a pas exceptionnellement honorés par-dessus ses autres serviteurs, et qu’il n’a point usé de violence pour les recruter, il semble que, logiquement, on n’aurait pas dû trouver de sujets pour des postes à 900 fr., dans un siècle de bien-être où toute besogne est convenablement payée.

Il a fallu, je pense, que les 40.000 prêtres séculiers — sans parler des religieux — aient subi l’attrait d’une vocation supérieure aux calculs humains, lorsqu’ils ont librement embrassé une carrière qui exige tant de vertus et rapporte si peu d’argent et de gloire. Car ils ne peuvent être suspects, comme les bénéficiers d’autrefois, de « s’être portés au service du ciel pour les commodités de la terre. »


Vte G. D’AVENEL