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que l’on me présente comme l’ « esprit » de Mozart, j’en arriverais à mo désoler de les savoir admis à la vie future. Mais peut-être, après cela, M. Lapponi s’exagère-t-il la « mirabilité » des phénomènes spirites, leur foncière irréductibilité à des lois scientifiques. La science a déjà inventé des lois pour rendre compte des prodiges du radium ; elle en inventera d’autres pour expliquer les « transferts » d’objets et les « matérialisations, » si vraiment ces faits ne résultent ni d’une illusion ni d’une supercherie. Elle les définira, les classera, nous interdira solennellement de nous en étonner ; et d’autres faits surgiront, plus merveilleux encore, qu’elle « démirabilisera » de la même manière, lorsqu’il ne lui sera plus possible de les nier ; et toujours, cependant, il y aura des âmes pour sentir que les opérations de la science n’atteignent que l’apparence extérieure des choses, sans toucher au mystère effrayant de leur réalité. À ces âmes-là le spiritisme, expliqué ou non par la science, n’apportera jamais aucune preuve valable de l’existence du « surnaturel. » Elles n’auront pas besoin de voir se promener des commodes pour découvrir que l’univers qu’elles habitent échappe à la prise débile de leur entendement ; ni, Dieu merci, d’entendre débiter des sottises par les « esprits » de Platon ou de Pascal pour savoir que leur vie présente ne peut être qu’une épreuve, l’attente et la préparation d’une autre vie plus réelle.


T. DE WYZEWA.