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LE CONFLIT ANGLO-TURC


Il est rapporté au second livre des Chroniques, que Salomon, « lorsqu’il eut achevé de bâtir la maison de l’Éternel, alla à Eziongaber et à Elath, sur le bord de la mer, au pays de l’Idumée, et Hiram lui envoya des navires et des matelots expérimentés qui s’en allèrent avec les serviteurs de Salomon à Ophir, d’où ils rapportèrent quatre cent cinquante talens d’or… Les navires du roi allaient à Tarsis avec les serviteurs d’Hiram et, de Tarsis, les navires revenaient une fois en trois ans, apportant de l’or, de l’argent, de l’ivoire, des singes et des paons. Ainsi le roi Salomon fut plus grand que tous les rois de la terre… et il dominait sur tous les rois depuis le fleuve d’Euphrate jusqu’au pays des Philistins et jusqu’à la frontière d’Égypte[1]. » Transposons ces scènes bibliques dans un cadre moderne : la mer d’Idumée, c’est la Mer-Rouge ; Ophir c’est l’Yémen, l’Éthiopie, les trésors de l’Orient mystérieux ; Elath et Eziongaber au fond du golfe Elamitique, occupaient à peu près l’emplacement où s’élèvent aujourd’hui le petit port d’Akaba et les palmiers de Tabah. Un empire qui s’étendrait, comme celui de Salomon, de l’Euphrate aux frontières de l’Égypte, ne saurait manquer d’attacher un haut prix à la possession du golfe d’Akaba et au libre débouché sur la Mer-Rouge. Nous nous trouvons ainsi transportés dans le décor géographique du récent conflit anglo-turc et déjà nous en pouvons deviner les causes et l’importance. Sur le rivage même où

  1. Chroniques, II, 8 et 9.