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plus jeune sœur d’Alexandre, qu’un peu plu« tard Napoléon songea, lui aussi, à épouser.

Une autre tentative à laquelle Blacas participa ne réussit pas mieux. A l’instigation de d’Avaray, le Roi suggéra au Tsar de conseillera l’Angleterre la formation d’un corps de 30 000 volontaires recrutés parmi les prisonniers français, dont il prendrait le commandement et qui opérerait en Vendée. Alexandre ayant promis d’examiner cette étrange proposition, Blacas avait été invité à en entretenir le prince Czartorisky, qui était alors chancelier. Pour le disposer à entrer dans les vues du Roi, il imagina de lui faire lire une Histoire des Guerres de Vendée qui venait de paraître et qu’il avait annotée. Cette lecture, s’il faut en croire de Maistre, convainquit le chancelier de l’excellence du projet ; il s’efforça de le faire aboutir. Mais il quitta le pouvoir avant d’y avoir réussi et Budberg son successeur ne voulut pas renouer la négociation. Des espérances qu’avait données le Tsar à Louis XVIII dans leur entretien, une seule parut devoir se réaliser. On discuta d’une proclamation royale qui serait répandue dans l’armée française. Mais quand des pourparlers on en vint à l’exécution, cette idée fut abandonnée.

Il est bien vrai, d’ailleurs, qu’on croyait alors moins que jamais à la possibilité d’une restauration. Les puissances n’avaient pas encore en vue le renversement de Napoléon. Son renversement ne devint leur objectif qu’un peu plus tard. À cette heure, elles ne cherchaient qu’à contenir ses vues ambitieuses, arrêter sa marche et le contraindre à la paix, une paix fondée sur des bases qu’elles auraient imposées. Louis XVIII ne tenait aucune place dans leurs calculs. Tandis qu’il s’évertuait à leur prouver que la pacification de l’Europe ne pouvait s’opérer sans lui, elles l’avaient condamné, toujours prêtes, et trop souvent non sans raison, à trouver inexécutables les plans qu’il leur proposait. A toutes ses demandes, celle de sa reconnaissance comme roi de France, celle de marcher à la tête de leurs armées afin de prouver qu’elles ne faisaient pas une guerre de conquête, elles persistaient à répondre par des refus. Elles étaient résolues à lui tout refuser. C’est à cette résolution que se heurtait incessamment Blacas, comme s’y heurtaient à Vienne et à Londres les autres agens du Roi.

D’Avaray étant venu en 1807 à Saint-Pétersbourg pour consulter les médecins, chercha à utiliser son voyage au profit de la