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longtemps ; mais aucun indice n’avait permis de prévenir cet accident. Il faut user des plus grandes précautions et, autant que possible, éviter d’embarquer le charbon par temps de pluie ; enfin, surveiller les soutes d’une façon continue, sans défaillance

Il va sans dire que la nature des charbons exerce aussi son influence. Pour les bâtimens de guerre qui naviguent au loin, le choix du combustible a une importance véritable. Nos marchés prévoient un certain nombre d’épreuves relatives aux recettes dans les parcs de France : poids, densité, manière de brûler, composition et poids des résidus. Mais les commissions chargées de recevoir les combustibles en cours de campagne se contentaient jusqu’ici, en l’absence de tout moyen de contrôle, d’en examiner l’aspect extérieur ; examen superficiel qui amenait souvent des mécomptes. Aussi, tout récemment, le ministre a-t-il édicté des règles particulières. On fera dorénavant des épreuves de calcination dans un four électrique à installer sur les navires des stations lointaines. D’autre part, on réunira, dans les écoles de mécaniciens de Brest et de Toulon, des échantillons de tous les charbons que l’on rencontre à l’étranger. En outre, on créera dans ces établissemens des conférences spéciales sur les combustibles. Tout cela, au grand profit des officiers mécaniciens, qui, hors de France, choisiront les charbons en connaissance de cause.

L’état physique du charbon a, sur la chauffe, une influence considérable. A Santiago, pendant la guerre hispano-américaine, Cervera ne trouva que du charbon en poussière. Quand vint la sortie finale, cette poussière passa à travers les barreaux de grille, sans aucun profit pour la chauffe. D’où impossibilité d’atteindre une vitesse qui aurait pu sauver au moins une partie de l’escadre espagnole.

Autant que possible, il faut donc éviter d’embarquer du poussier. Sous ce rapport les manipulations fréquentes sont très défavorables. Un ingénieur allemand, M. Schwartz, peut-être un peu pessimiste, estime à 20 pour 100 la perte de pouvoir calorifique duc aux manipulations qu’on fait subir au charbon à bord des navires. Le modo de conservation à terre exerce aussi, sur ce produit, une influence considérable. Généralement, on l’empile dans des parcs, soit à l’air libre, soit sous des hangars ou toitures.

L’Angleterre fait, en ce moment, des essais comparatifs de