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LA LITTÉRATURE POPULAIRE DE L’EXTRÊME NORD.

celle-ci son frugal repas, le partagea avec elle. En mangeant, la poupée s’anima, comme de coutume. Wassilissa lui expliqua ce que la Baba-Yagha lui avait imposé.

— Comment faire tout cet ouvrage ? lui dit-elle. Et si je n’y parviens pas, la Baba-Yagha me mangera.

— Rassure-toi, lui dit la poupée, je t’aiderai et tout se passera bien.

Wassilissa avait confiance dans sa poupée. Et comme elle était bien fatiguée, elle s’endormit à son tour profondément.

Le lendemain matin, au petit jour, elle se leva et, descendant, elle trouva la Baba-Yagha dans le jardin.

La sorcière siffla. Le mortier, le pilon et le balai parurent.

— Fais ce que je t’ai dit, Wassilissa, et que tout soit terminé pour ce soir, ou sinon je te mangerai.

Puis elle s’élança dans les airs et disparut à travers la forêt.

Quand elle se fut éloignée, Wassilissa servit à la poupée tout ce qui lui restait pour son déjeuner, et lui montra le grain dans la huche.

La poupée se mit à l’ouvrage, et, pendant ce temps, Wassilissa nettoyait la maison, allait chercher de l’eau, et préparait le feu et le dîner. À deux heures de l’après-midi, tout était terminé.

— Voilà qui est fait, dit la poupée en se glissant dans la poche de Wassilissa.

Wassilissa se promena dans le jardin en attendant le retour de la vieille. Il était rempli de fleurs étranges dont elle ne savait pas les noms.

Le soir la sorcière rentra. D’un coup d’œil elle inspecta la maison et ses abords.

— As-tu fait ce que je t’ai dit ? demanda-t-elle à Wassilissa. Où est le seigle que je t’avais chargé de trier ?

Wassilissa le lui montra, divisé en deux tas. La Baba-Yagha regarda le grain. Puis elle cria :

— Serviteurs fidèles, mes amis de cœur, prenez ce grain et faites-le moudre.

Trois paires de mains parurent, prirent le seigle et l’emportèrent.

La sorcière se mit à table, mangea comme la veille. Puis elle se coucha et s’endormit, après avoir donné à Wassilissa un peu de pain et de soupe.

Auparavant elle lui dit :