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LES
RICHES DEPUIS SEPT CENTS ANS

IV[1]
FONCTIONNAIRES DE L’ÉTAT ET DES ADMINISTRATIONS PRIVÉES

La société humaine, observée sous l’angle des intérêts, se compose d’ « actionnaires » et d’ « obligataires. » Tous les humains, sans exception, et peut-être sans le savoir, — comme M. Jourdain pour la prose, — possèdent un capital et le font valoir.

Quelques-uns ont acquis ou hérité le capital matériel (argent, terres, biens quelconques) ; tous reçoivent en naissant le capital personnel (force, intelligence, facultés diverses). Ce capital personnel est bien plus important que l’autre. Non seulement la plus grande part des recettes globales de la nation, les deux tiers aujourd’hui, — lui appartiennent, mais encore il conquiert et s’annexe fatalement le capital matériel, chez tous les peuples et en tous les temps. Tandis qu’au contraire les détenteurs du capital matériel le perdent, quand ils sont dénués de ce que nous nommons ici le « capital personnel. »

Les voies et moyens par où s’acquiert la richesse varient suivant les époques, et, de même que les fortunes modernes ne

  1. Voyez la Revue des 15 février, 15 mars et 1er juin.