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LETTRES ÉCRITES
DU
SUD DE L’INDE

III.[1]
PONDICHÉRY : Le tanaou Sandirapoullé ; la bayadère de Tanjore ; les nuits de Pondichéry ; la faune des suburbes ; le Parc et le Jardin colonial ; la cavalerie d’Aïnar.


II. — PONDICHÉRY


Pondichéry, 30 juin 1901.

Le pion Cheick Iman[2] m’a remis l’autre matin trois cartes de visite. Sur la première s’alignent les titres honorifiques de T. A. Sandirapoullé : Président honoraire du Comité consultatif de jurisprudence indienne — chevalier de la Légion d’honneur — officier d’Académie — médailles d’or de 1re classe — Canne à pomme d’or.

Cette dernière dignité me permet de reconnaître Sandirapoullé, mieux que son nom, oublié par moi depuis longtemps. Est-il possible qu’il soit encore vivant, ce petit vieux basané, au nez chaussé de lunettes d’argent, que l’on nous montrait, il y a vingt ans, dans les rues de Pondichéry, comme un personnage légendaire ? Gravement, il s’avançait, à pas comptés, s’appuyant sur cette haute canne à grosse pomme d’or, léguée par

  1. Voyez la Revue des 15 mai et 15 juin.
  2. C’est par une erreur de transcription que dans mes premières lettres j’ai donné le nom de Cheick Ismaël à ce pion dont je ne saurais trop louer l’allure correcte et la sévère probité.