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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 34.djvu/424

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Le colonel Coate, commandant des troupes anglaises, lui écrivait, le 4 décembre 1760, en ce sens. Et, le même jour, le nabab Mahmoud Ali Khan envoyait à Ramalinga la lettre suivante, que m’a communiquée son fils aîné : » J’ai appris que vous étiez arrivé à Tiagar avec la cavalerie et l’infanterie ; je vous engage à venir me trouvera Achur avec tous vos gens. Si vous venez, je vous ferai enrôler tous vos cavaliers et fantassins, et vous serez payé sans difficulté. Comme les Français vous ont traité, moi je vous traiterai. Si tous vos ennemis arrivaient ici pour vous desservir, je ne les écouterais pas, parce que vous êtes un homme capable. C’est pourquoi je vous écris. Je vous donnerai un paravana (sauf-conduit) pour faire sortir de Pondichéry tous vos effets et toute votre famille. Soyez assuré que cette lettre que je vous écris vaut dix mille paravanas. »

Six semaines plus tard, les Français étaient battus à Wandiwash par les Anglais de Coate. Vous connaissez la triste histoire de cette bataille où l’inqualifiable conduite de M. d’Aumont, qui refusa de charger avec la cavalerie à la suite du comte de Lally Tollendal, prépara notre défaite, accentuée par la lâcheté des marins qui composaient notre extrême gauche. En cette funeste journée, la seule brigade de Lorraine tint une conduite honorable, avec le régiment de Lally. Les troupes de Ramalinga n’étaient point à cette affaire. Elles avaient dû garder leur poste de Tiagar avec la garnison que Lally y laissa, en se repliant sur Pondichéry.

Quand cette dernière place se rendit, le 15 janvier 1761, Ramalinga conduisit sa cavalerie auprès d’Hyder-Ali et la mit à son service, demeurant ainsi fidèle à la France qu’il avait aidée de ses deniers jusqu’aux derniers jours du siège. Il était encore dû à Ramalinga plus de la moitié des trois millions avancés par lui, sans compter le prix de ses récentes fournitures. La perte qu’il éprouva par la dépossession de sa ferme, au moment où il allait en toucher les revenus territoriaux, acheva sa ruine.

Lors de la reprise de nos établissemens, en 1765, une commission, nommée par la Compagnie, s’occupa de liquider la gestion de cet extraordinaire créancier qui se trouvait ruiné à plat, sans avoir voulu abandonner son service. Comme toutes les commissions administratives, celle-ci paraît avoir procédé avec la plus sage lenteur. Au bout de huit années (4 septembre 1773), le Conseil supérieur de la Compagnie des Indes, ouï son