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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 34.djvu/440

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d’excursion, le Myrmidon se tient fièrement sur le siège de la voiture d’où il excite l’admiration et l’envie des polissons de caste qui jouent à la marelle devant les maisons. Il porte en bandoulière le traditionnel cylindre peint en vert, et tient un filet à papillons dont la poche de gaze flotte au vent pareille à une bannière. Quand on met pied à terre, il se charge encore des parapluies à insectes et de divers autres ustensiles. Ce bagage ne nuit en rien à la liberté de ses mouvemens. Le Myrmidon, s’aidant de sa taille exiguë, se coule à travers les haies, se glisse entre les palis, grimpe aux arbres, franchit les ruisseaux, et poursuit les papillons pour lesquels il nourrit une spéciale prédilection. N’hésitant jamais à envahir les propriétés closes, il traite de Turc à More le propriétaire qui l’invective, et prend à, tout propos des airs importans.

A sa suite, nous avons pénétré, un jour, dans une de ces plantations de cocotiers qui abondent sur les rivages sablonneux de Chounambar. Beaucoup de ces palmiers étaient traversés, à hauteur d’homme, par une fenêtre carrée. Les troncs, ainsi perforés à la main, avaient été attaqués par la larve d’un gros coléoptère, un scarabée nasicorne (Oryctes rhinoceros) et le trou est, paraît-il, destiné à arrêter la larve dans son ascension. Dès qu’elle atteint ce vide, gênée par le contact de l’air, elle cesse de creuser le bois et meurt. Ce renseignement, — je vous le donne pour ce qu’il vaut, — nous fut donné par le maître de la plantation, Hindou de caste, avocat à la Cour de Pondichéry, et agriculteur à Chounambar. La culture du cocotier est une entreprise assez lucrative, paraît-il, même lorsqu’elle se mène sur une petite échelle, comme c’est ici le cas. La noix de coco sert à bien des usages. C’est en examinant les vieux fruits fendus, accumulés en tas, par places, pour y chercher des coléoptères, que nous avons fait la connaissance du propriétaire. Nous lui avons appris que le Carpophilus hemipterus, ce petit clavicorne roux et fauve qui pullule chez lui, a passé avec les produits pharmaceutiques dans nos officines d’Europe, et avec les produits coloniaux dans nos épiceries, où il est commun dans les figues sèches. Charmé de voir des gens aussi savans parcourir son bien, notre Hindou nous met au courant de ses travaux agricoles.

Sans aller, comme un certain poète indien, jusqu’à nous énumérer les huit cents emplois de ce cocotier cultivé dont les