Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 35.djvu/170

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES RÉSULTATS
DE LA
PSYCHO-PHYSIOLOGIE


I

D’abord, en quoi consiste, au juste, cette conception d’une psycho-physiologie ?

Aux alentours de 1830, la haute Université avait donné de la psychologie une idée très simple : « La psychologie est la science du principe intelligent, de l’homme, du moi. » Ou encore : « La psychologie est cette partie de la philosophie qui a pour objet la connaissance de l’âme et de ses facultés étudiées par le seul moyen de la conscience. » D’ailleurs, rien ne semblait plus facile que cette étude ni plus certain : A la Sorbonne et au Collège de France, Victor Cousin, Royer-Collard, Jouffroy, la menaient de concert. « L’âme se connaît, se saisit immédiatement, » affirmaient-ils.

Seulement ces grands professeurs étaient romantiques ; à côté de la littérature du « moi, » qui représente l’expansion sentimentale de l’individu, ils entreprenaient la psychologie du moi, qui représente son expansion intellectuelle. Dans l’un et l’autre cas, en effet, le principe est le même, c’est le subjectivisme. Or, s’il est admissible que le subjectivisme soit la source même du lyrisme, il est contradictoire de le supposer principe de science. Le poète et l’observateur ne suivent point les mêmes voies.

C’est ce qui frappa Auguste Comte : « L’observation intérieure, dit-il, engendre presque autant d’opinions divergentes qu’il y a d’individus croyant s’y livrer. » Et puis, à supposer qu’il y