Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 35.djvu/352

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

force nouvelle. A la suite d’une résolution adoptée par le Congrès des Trade-Unions, le Labour Representation Committee est fondé à Londres, le 27 février 1900, pour grouper, en vue de l’action électorale, toutes les forces ouvrières. En 1901, un organisme semblable est créé en Écosse. L’Independent Labour Party, les radicaux-socialistes de la Fabian Society, les Trade-Councils ou Bourses du travail, quelques coopératives et la majeure partie des Trade-Unions sont affiliés à ces Fédérations. Les syndicats contrôlent souverainement ces puissantes associations. Sur les 226 délégués, qui composent le congrès général du comité écossais, 161 sont désignés par les Trade-Unions. Elles comptent 9 représentans parmi les 14 membres, qui forment la Commission exécutive du comité anglais. Elles ont imprimé leurs caractères corporatif et utilitaire à cet organisme électoral qui crée des groupes locaux, imprime des brochures, choisit les candidats et paie les députés. Rebelles en principe à toute alliance, ces comités pour la Représentation du Travail veulent « former un parti ouvrier parlementaire, qui aura ses whips et sa politique particulière sur les problèmes ouvriers ; » il évitera « absolument de s’identifier avec ou de servir les intérêts de telle ou telle fraction du parti libéral ou conservateur. » Ce syndicat politique des intérêts professionnels est rebelle aux déclarations de principes : il repousse l’épithète de socialiste ; il énumère brièvement les formules collectivistes ; il discute longuement les réformes pratiques. Son idéal corporatif, sa méthode utilitaire ont assuré le succès de cette fédération électorale. Le nombre des adhérens du comité anglais a passé de 466 000 en 1902, à 861 000 en 1903, 900 000 en 1904, 920 000 en 1905. Les recettes annuelles du fonds parlementaire seul s’élèvent aujourd’hui à 4 500 livres, 112 500 francs. Et facilitées par cette organisation nouvelle, les victoires politiques se sont multipliées. La conquête des municipalités a continué, celle du Parlement est commencée. De 88000, les votes recueillis par les candidats ouvriers sont passés à 453 000. Sur 85 mandataires, 54 ont été nommés, à savoir 29 adhérens du Labour Representation Committee, 12 ouvriers radicaux, 12 mineurs, jusqu’ici indépendans.

1868-1874, 1885-1892, 1900-1906, telles sont les trois étapes du mouvement ouvrier. Ce mouvement progressif est coupé par de lents arrêts et de brusques reprises. Seule l’accumulation des