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Paris. Les hauts fonctionnaires de l’État, dans l’armée et l’administration ; l’aristocratie de la banque et du commerce ; enfin ceux qui jouissent d’une très grosse fortune ont établi là leur résidence. Une partie du quartier de la Madeleine, du côté des boulevards et de la rue Royale, contient un certain nombre de commerçans qui vendent des objets de luxe et des curiosités de prix. Partout ailleurs, ce ne sont que maisons d’habitation qui rivalisent de confort et de richesse. On peut constater, dans le voisinage de l’Arc de Triomphe, une importante colonie d’étrangers, surtout d’Américains, qui viennent passer là les quelques mois qu’ils consacrent à Paris. Le quartier de l’Europe, qui mérite si bien son nom, se distingue de ses voisins par le nombre des jolies et aimables personnes qui l’habitent et qui sont la fine fleur du monde de la galanterie.

Il y a fort peu de pauvres, à peine un millier pour l’arrondissement tout entier. Les loyers sont d’un prix si élevé qu’une modeste chambre se paye couramment cinq cents francs. Comment donc se fait-il qu’il y ait place même pour un millier de pauvres ? On peut évaluer à quatre cents le nombre de ceux qui demandent des secours par suite d’un accident de la vie : maladie ou perte de travail ; ce sont généralement des cochers, gens de maison, garçons coiffeurs ou hommes de peine. Le reste se compose de vieilles femmes, presque toutes anciennes domestiques, qui ont trouvé, dans de magnifiques maisons, une chambre sous les toits, dans un coin reculé. La rue du Rocher, dans sa partie basse, l’impasse Davy et la galerie de Cherbourg sont un lieu d’asile pour le petit commerce ; de là, proviennent quelques demandes de secours ; là, demeurent quelques dizaines d’inscrits au bureau de bienfaisance. Enfin, deux maisons neuves ont été construites récemment pour recevoir des indigens ; ce sont les immeubles, 3, avenue Beaucour qui ne comprend pas moins de 105 logemens, et 26, rue du Général-Foy, qui en contient presque autant. Il semble qu’on ait eu la crainte de voir disparaître entièrement, dans cette région, la population nécessiteuse.


Le neuvième est par excellence le lieu des plaisirs. La table, le spectacle, et le reste, offrent aux étrangers qui s’amusent les derniers raffinemens de la vie parisienne. Le quartier Saint-Georges est bien, à ce point de vue, une suite du quartier de l’Europe ; mais, les petites dames qu’on y rencontre ont peut-être une vie plus