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résistances de l’opposition libérale, fut créée une législation animée d’un esprit étroit et tracassier, complétée par des règlemens toujours restrictifs et qui furent appliqués avec rigueur, comme si on eût pris à tâche de décourager les entreprises, d’entraver le commerce et d’arrêter complètement l’immigration, déjà fort ralentie, et compensée d’ailleurs, largement, par l’émigration.

Dans le programme présenté au premier ministre, M. Watson, à l’occasion du May day (1er mai 1904), à Melbourne, par une députation du labour party, on trouve la déclaration suivante : « Détermination de renverser le salariat et le capitalisme, de préparer l’avènement d’une société dans laquelle tous les instrumens de production seront possédés et administrés par le peuple, » et transitoirement : fixation par la loi d’un maximum de travail journalier de huit heures ou moins, avec salaire raisonnable, dans toutes les industries et tous les emplois : règlement de tous conflits industriels par l’arbitrage obligatoire, institution de pensions pour les vieillards à la charge du budget fédéral, création d’une banque d’émission fédérale, etc. » C’était bien un programme socialiste complet, avec le but indiqué, les voies et moyens définis. Le ministre répondit qu’il était heureux de faire savoir que presque toutes ces résolutions figuraient sur le programme du gouvernement, ajoutant qu’il serait sans doute impossible de donner entière satisfaction au parti pendant la session en cours. Il était d’ailleurs, à son avis, trop tôt pour organiser une « Collectivité fédérale » (a collective Commonwealth), mais chaque pas en avant rapprochait de l’idéal désiré.

En avril 1905, — sept mois après la chute du ministère Watson, — une conférence du Victorian labour party réclamait unanimement « la nationalisation graduelle des instrumens de production, de distribution et d’échange, » en y joignant le mandat impératif aux futurs membres du Parlement de ne voter, — sur une question intéressant le sort du ministère, — que conformément aux décisions du groupe et de ne faire partie d’aucun gouvernement où la majorité des ministres n’appartiendrait pas au parti. En juillet 1905, M. Watson, répondant à une question, rejetait l’épithète de communiste, mais il admettait de nouveau que l’ultime objet de sa politique était de substituer la « coopération » à la concurrence, en transmettant à l’Etat la possession des éléments de production, de distribution et d’échange.