et nous pouvions à peine, dans l’état de choses ancien, lutter avec l’Angleterre, la Suisse et l’Allemagne. Nous n’avions plus que l’avantage du goût de nos artistes en fait de formes et de dessins.
Puis, le Gouvernement Provisoire a déclaré que les heures retranchées devaient être données à l’instruction, à la moralisation des ouvriers. Ainsi, dans les deux cas, c’est donc la restriction de la production, c’est le : « Tu n’iras pas plus loin ! » de la fabrication. Tel est le quotient politique : réduction du commerce général, conséquemment réduction des revenus de l’État, fournis par le mouvement commercial. Le commerce total allait naguères à deux milliards et quelques cents millions. À quel chiffre tombera-t-il ? Napoléon, en 1812, dans le fameux budget de 1813, s’applaudissait d’avoir amené le commerce de cent trente-six départemens à sept cents millions !
Maintenant, voyons le quotient particulier.
Il y a de bons, il y a de médiocres, il y a de mauvais ouvriers dans tous les corps d’état, et, pour ne pas les blesser par cette triple distinction, nous leur dirons que la république des lettres compte, et a de tout temps compté, de bons, de médiocres, de mauvais écrivains. Aujourd’hui, la république des lettres se compose d’environ mille personnes, dans la littérature proprement dite, de six cents dans la littérature dramatique. Combien, dans l’une et l’autre catégorie, y a-t-il de célébrités ? Chacun peut répondre, et n’y usera pas ses doigts. Maintenant, combien y en a-t-il qui gagnent, en moyenne, vingt mille francs par an, en y comprenant ceux qui gagnent plus ? Nous ne serons démenti par personne en les mettant à cinquante, et c’est énorme ! Combien gagnent dix mille francs en moyenne ? Cent au plus ! Composez le total de ce que payent le théâtre, le journal, et la librairie, vous ne trouvez pas, en effet, deux millions. Dans les sciences et la polémique, la proportion est moindre. Eh bien, ces nombres ne représentent pas le dixième du total.
Selon nous, l’accord de la santé, de l’intelligence et de la main est au moins aussi rare chez les ouvriers de tous les corps d’état, que l’accord du talent et de la volonté chez les travailleurs intelligentiels. On compte les bons ouvriers dans tous les arts et métiers, et les ouvriers le savent très bien. Ils se connaissent parfaitement entre eux et s’estiment en raison de leur valeur, absolument comme des auteurs. Ne sont-ils pas les auteurs de