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encore dans l’enfance, justement parce qu’il n’est pas personnel ; il n’existe que quand il est le crédit tout court et sans phrases. »

Les banques populaires ne se contentent pas d’escompter le papier commercial et industriel : elles s’occupent de distribuer et faire fructifier l’épargne née du travail aisé, d’encourager les efforts du travail dénué de ressources et qui a besoin de béquilles ou d’échasses pour franchir un mauvais pas ; elles organisent le crédit agricole, le crédit ouvrier, favorisent de leur mieux la coopération de consommation, la coopération de production, les laiteries coopératives, les caisses agraires, les cantines sociales, « et toute autre forme de la mutualité conseillée par le génie du bien. » Partout les institutions de crédit grandissent, se développent à vue d’œil : le moins d’entraves possible, peu de formalités, une décentralisation économique très avancée, aucune distinction entre les effets commerciaux et les effets agricoles ; qu’il soit souscrit par un cultivateur ou par un négociant, l’effet à ordre a la même valeur, entraîne la même responsabilité, la même procédure expéditive. Ainsi les banques populaires font du crédit personnel, comme le prouve cette statistique publiée lors du Congrès de Bologne. Sur 405 341 sociétaires, elles comptaient 88 000 petits agriculteurs (1895), 17 000 ouvriers agricoles, 29 000 ouvriers journaliers (contadini giornalieri), 69 000 employés ou fonctionnaires, 92 000 commerçans de détail ; les rentiers et personnes sans profession n’y représentaient que 7 p, 100 du chiffre total. Leur portefeuille a passé de 25 534 000 lires en 1870, à 214 490 000 livres en 1894. D’ailleurs, le mélange d’effets courts industriels et d’effets longs agricoles continue de s’opérer avec succès, et c’est même cette ingénieuse combinaison du portefeuille commercial avec le portefeuille agricole, qui rend possibles et pratiques les prêts ruraux. Ainsi, en Italie, le crédit des campagnes est sorti des villes. La plupart des sociétés de crédit mutuel sont en quelque sorte adossées à une caisse d’épargne, se confondent avec elle ; l’argent des membres déposans sert à faire des prêts aux autres membres, si bien que la société joue vis-à-vis d’eux le rôle de maître Jacques, tantôt créancière et tantôt débitrice ou dépositaire. On a le choix entre le livret nominatif ou le livret au porteur, et celui qui présente ce dernier est considéré comme mandataire régulier de la personne au nom de laquelle le livret est inscrit. Si vous agissez comme déposant au nom de plusieurs, on ne vous demandera ni acte de société,