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Église : sa nature est d’être ouverte à tous sans autre condition que l’honnêteté et le travail. Les promoteurs des caisses catholiques exigent, même dans leurs statuts, un acte confessionnel, en font dépendre la dispensation du crédit, placent dans le clergé le pivot de mécanismes financiers : autant de dangers, les mêmes que si l’on inféodait la Coopération à un parti politique, et plus graves en ce qu’un intérêt moral plus élevé peut être compromis. La meilleure et la plus irrécusable preuve de l’altération qu’il apporte à l’activité coopérative est dans les immédiates dissensions qu’il a fait succéder à la tolérance mutuelle jusqu’alors générale, et dans les accusations outrageantes, absurdes, d’athéisme ou de franc-maçonnerie dirigées par les guides du mouvement contre les hommes du plus haut sentiment religieux, dès que ceux-ci ont résisté. »

Il existe enfin un troisième groupe de caisses agraires, celles par exemple dont la caisse d’épargne de Parme a favorisé l’éclosion, qui restent en dehors de toute influence politique : sociétés coopératives en nom collectif, dont le capital, constitué par les bénéfices de chaque année, sert avant tout à couvrir les pertes éventuelles et les bénéfices, et peut, lorsqu’il a atteint un certain chiffre, être affecté à des œuvres d’utilité locale. En 1897, la Caisse d’épargne leur accordait des emprunts au taux de 4 pour 100, mais elles ne peuvent emprunter et verser leurs dépôts ailleurs qu’à la Caisse d’épargne, qui exerce ici une véritable tutelle. Les avances aux sociétaires sont faites à courte échéance, mais peuvent durer deux ans, grâce aux renouvellemens trimestriels successifs ; la caisse veut se réserver le droit de redemander le paiement intégral à l’échéance ; on fait aussi des prêts à longue échéance, des prêts de dix ans. Il fallait, remarque M. Guerci, une institution pouvant faciliter l’œuvre de la Chaire ambulante, paralyser les obstacles pour la défense, une institution tenant du comice ou du syndicat agricole, un pied-à-terre à la campagne, d’où la Chaire pourrait développer plus rapidement son action.

La loi du 7 juillet 1901 ne fait aucun appel à l’intervention de l’Etat, et l’épargne continue d’aller au travail. En 1897, les dépôts confiés à la Caisse d’épargne du Banco di Napoli dépassaient à peine 30 millions ; en 1902, il y avait des succursales de cette caisse d’épargne dans toutes les provinces du Midi, et les dépôts dépassaient 60 millions.