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parmi les bûcherons des forêts ardennaises, permanens dans la seule région de grande culture, les syndicats socialistes restent clairsemés : point de crédit agricole socialiste ; d’ailleurs le crédit agricole jure avec la formule communiste, comme oui jure avec non, blanc avec noir, bon sens avec utopie ; il en est la négation directe, puisqu’il fortifie, consolide, accroît, étend la propriété ; et, quel que soit l’illogisme des abstracteurs de quintessence chimérique, ils hésiteraient à fournir des armes contre eux-mêmes.

C’est le parti catholique qui a institué en Belgique le crédit agricole ; l’abbé Mellaerts, après avoir étudié en Allemagne le mécanisme des caisses Raiffeisen, les introduisit avec les tempéramens que comportent la législation et l’esprit de ses compatriotes. Une loi de 1884, créant des Comptoirs agricoles, n’avait abouti qu’à faciliter les prêts pour les gros propriétaires[1]. Il fallait aller jusqu’aux petits ; dans ses conférences, dans ses brochures, l’abbé Mellaerts précisa fort nettement les conditions, les exigences du crédit rural : 1° Empêcher que l’argent ne sommeille chez ses possesseurs, ou qu’il n’aille dans les villes alimenter l’industrie et le commerce. 2° Prêts à long terme, époque du remboursement fixée en raison de l’emploi auquel est destiné l’emprunt ; le crédit à court terme, au lieu de présenter des avantages, ne cause que des préjudices, et livre les emprunteurs aux usuriers ; la durée des prêts variera donc entre cent jours et dix ans ; 3° Permettre le remboursement des emprunts par acomptes, à des dates fixées d’avance ; ces dates correspondront aux époques où le cultivateur réalise ses produits :

  1. Max Turmann : Les Associations agricoles en Belgique. — Mellaerts : Les Caisses rurales d’épargne et de crédit ; — VIIe Congrès international d’agriculture, tome Ier ; — La Ligue du Coin de terre et du Foyer insaisissable, par Joseph Goemaere, p. 23 et suiv. ; — Participation de la Caisse générale d’épargne au fonctionnement du crédit agricole en Belgique, par M. Orner Lépreux, 65 et suiv. ; — Monographies agricoles des différentes régions de la Belgique ; — Congrès national d’agriculture, 2 vol., 1901 ; — Vandervelde : Essais sur la Question agraire en Belgique ; Syndicats agricoles et Coopératives socialistes (Mouvement socialiste, 1er et 15 avril 1901) ; — Vlieberg : Le Socialisme agraire (Revue sociale catholique, février 1900) ; — Wauquez : Le Crédit agricole en Belgique (Revue des Questions scientifiques, 1899) ; — Maurice Damoiseaux : Les prêts des Caisses Raiffeisen et leurs garanties ; — Les Banques coopératives pour la vente du beurre et des œufs, O. Schepens, 1902 ; — Malherbe et Fabry : Les Banques populaires agricoles, 1903, O. Schepens ; — Monographie de la Caisse rurale d’Hooglede ; — Em. Tibbaut : Les Etapes de la Mutualité rurale, 1903 ; — Les Caisses rurales en Belgique et à l’étranger, O. Schepens, 1903 ; — Louis Variez : Les Associations rurales en Belgique.