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De même, en 1905, sur 2 332 vapeurs sortis de Marseille, 1 061 (jaugeant 935 272 tonnes) étaient à destination de l’Algérie, 158 de la Tunisie, 20 du Sénégal, 25 de la Côte occidentale d’Afrique, 10 de la Réunion, 8 de l’Indo-Chine, 14 des établissemens français d’Océanie, 1 de la Guyane française, 1 de Saint-Pierre et Miquelon. Plus de cinquante navires, profitant du monopole qui leur est assuré, font journellement le va-et-vient entre l’Algérie-Tunisie et Marseille, et les colons se plaignent que les Compagnies, abusant de leurs privilèges, ne font pas assez d’efforts pour donner satisfaction à leurs besoins. Presque toutes les Compagnies marseillaises de navigation sont destinées spécialement au commerce avec les colonies françaises ; presque toutes les lignes de navigation ont leur point terminus dans une colonie française ou la desservent en passant. Ainsi, conclut M. Paul Masson, « la flotte marseillaise est, par excellence, la flotte coloniale de la France. » La prospérité du port de Marseille est étroitement solidaire de celle des colonies : industrie, commerce maritime, colonisation, ces trois fondemens de l’activité économique et de la fortune de Marseille sont indissolublement unis ; c’est ce que l’Exposition coloniale a parfaitement réussi à rendre manifeste. Marseille fait environ 50 pour 100 du commerce total de la France avec ses possessions lointaines ; elle a réussi, malgré la part de plus en plus active que Bordeaux, le Havre, Dunkerque prennent au commerce colonial, à maintenir sa position très loin en avant de tous ses concurrens ; elle est bien le grand port colonial de la France.


IV

Marseille, port colonial, gigantesque mère Gigogne qui abrite sous ses ailes la croissance de tout un peuple de colonies, qui aide leurs premiers pas, subvient à leurs besoins, reçoit et utilise les produits de leur travail ; Marseille qui, du haut de Notre-Dame de la Garde, envoie un adieu aux « coloniaux » qui partent et un salut joyeux à ceux qui reviennent après un long exil ; et, à côté de Marseille, toute la Provence avec son histoire et ses traditions, ses beaux sites et ses vieilles ruines, sa civilisation et ses arts, c’est d’abord ce qui apparaît quand on entre à l’Exposition par la grande avenue centrale : Massalia, une statue monumentale due au sculpteur Constant Roux, accueille le visiteur ;