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L’IMPÉRIALISME GERMANISTE
DANS
L’ŒUVRE DE RENAN

I
AVANT LA CRISE DE 1870

Il s’est dessiné depuis quelques années, en Allemagne d’abord, puis en France, un mouvement intellectuel assez inattendu autour de l’œuvre d’un écrivain français qui mourut il y a un quart de siècle, le comte Joseph-Arthur de Gobineau. Toute une littérature d’exégèse et de polémique a surgi des deux côtés du Rhin pour exposer, commenter, réfuter ses idées. L’auteur de la présente étude a demandé, pour sa part, le secret de cette renommée posthume aux récens triomphes d’une conception politique qui n’est d’ailleurs nouvelle en ce monde que par sa forme, la théorie de l’impérialisme de race[1]. Gobineau fut en effet le poète épique des destinées conquérantes et civilisatrices de la race blanche en général, plus particulièrement de la race indo-européenne ou aryenne, et plus spécialement encore de la race germanique. Il pensait se rattacher par sa naissance à l’élite de cette grande famille historique : il s’y ralliait plus certainement encore par ses sympathies intellectuelles et

  1. Voyez Ernest Seillière, Philosophie de l’Impérialisme. — I. Le comte de Gobineau et l’Aryanisme historique, Paris, Plon, 1903.