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La réaction d’où le soufre résulte et qui avait déjà été signalée par le créateur de la cristallographie, l’illustre abbé Haüy, sur cette même place du Château-d’Eau, comme on l’appelait alors, explique la production, dans le sol de Paris, de filets d’eaux sulfureuses dont, malgré leur origine plutôt répugnante, vu le rôle qu’y jouent les eaux vannes et même les exsudations des fosses d’aisance, les propriétés thérapeutiques ont été offertes aux malades d’humeur sédentaire, comme équivalant dans leur efficacité (ce qui est d’ailleurs bien possible) à celles d’Enghien ou même à celles d’Aix en Savoie.

Ajoutons que l’histoire du gisement sulfureux de la place de la République a été singulièrement élargie par les trouvailles faites au cours des travaux du Métropolitain, puisqu’ils ont montré que la production minérale n’est pas localisée dans les remblais artificiels et s’étend au contraire aux couches sous-jacentes d’argiles naturelles. Celles-ci constituaient le fond du fossé et aussi le fond du « marais » voisin, qui a donné à tout le quartier le nom qu’il porte encore. Elles renferment en abondance des fragmens de roseaux et d’autres herbes, brunis maintenant mais qui verdoyaient sous Charles V, et des coquilles de limaçons et d’autres mollusques qui vivaient en même temps et qui ont conservé leurs colorations et les ornemens de leurs tests, identiques à ceux de leurs congénères du XXe siècle.

Or, en pleine masse de ces argiles noires, on trouve, comme dans les plâtras eux-mêmes, d’innombrables géodes de soufre cristallisé et parfois en si grande abondance qu’on a été jusqu’à parler de la « soufrière de la Place de la République. » Ce titre de fait divers ne fut même pas sans troubler quelques personnes craintives dont la catastrophe de la Martinique venait d’exciter l’imagination.

La genèse du soufre dans les argiles noires doit évidemment être rattachée à l’extension des plâtras au-dessus d’elles et à la petite quantité de sulfate de chaux qu’ils ont fournie aux infiltrations. Toutefois, on va voir que ce travail chimique a été compliqué dans cette singulière localité d’une façon aussi imprévue qu’intéressante.

Il se trouve que l’un des lits de l’argile qui est précisément recoupé par le tunnel du Métropolitain, est criblé de minéraux blancs, anguleux, de la grosseur d’un grain d’avoine et où l’on retrouve, jusque dans les détails les plus intimes, la forme