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fonctionnant comme centres d’attraction, de la matière siliceuse qui les constitue.

Parfois, et spécialement sous le pavé du boulevard de Courcelles, on trouve dans les marnes des lits de matières végétales dérivant par altération de matières végétales qui, à la faveur d’un enfouissement suffisamment prolongé, pourraient acquérir les qualités du charbon de terre. Nous avons le droit de dire qu’il existe sous nos pieds des mines de houille en formation.

Ajoutons qu’il est arrivé souvent, au cours des travaux, qu’on ait rencontré sous les assises de Saint-Ouen les couches qui les supportent normalement parce qu’elles sont plus anciennes, et que nous désignerons sous le nom adopté de sables de Beauchamp. Beauchamp est une petite localité du département de l’Oise, où l’on a exploité longtemps des bancs de pierre à paver noyés dans des sables fins et contenant des myriades de coquilles fossiles admirablement conservées.

C’est spécialement autour de l’Arc de triomphe de l’Etoile, sous le parc Monceau et sous l’avenue de Villiers, que les sables de Beauchamp sont abondans ; on les trouve aussi du côté de l’Observatoire de Montsouris. Rue de Rome, ils supportent les rails du chemin de fer de l’Ouest, et l’égout collecteur de la place Clichy est établi dans leur épaisseur. A la Chapelle, ils sont intimement associés aux marnes de Saint-Ouen qui les recouvrent, et on trouve, parmi les bancs dont ils sont formés, des assises de gypse présentant encore des vestiges de très anciennes exploitations.

Il y a là un fait d’une portée scientifique très considérable. Cette répétition de la pierre à plâtre au travers de ces trois terrains superposés : le niveau de Beauchamp, qui est d’origine marine, puis le travertin de Saint-Ouen qui est lacustre, enfin le terrain gypseux qui est saumâtre ; cette répétition, dis-je, semble bien indiquer que la condition de la surface, aux diverses époques, n’a guère influé sur la production de la substance. Sans doute y a-t-il eu dans ces formations de grands changemens réalisés postérieurement à leur dépôt. Nulle matière n’est plus prédisposée que le sulfate de chaux à émigrer dans l’épaisseur du sol, à se substituer à des élémens préexistans. Les coupes du Métropolitain apportent des documens spécialement précis avec lesquels il faudra compter désormais.

Dans bien des points où les terrassemens ont atteint les