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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 35.djvu/895

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vestiges fossiles permettant d’affirmer sans hésitation son origine au sein de quelque grand lac recouvrant une portion notable du territoire et donnant la vie à des mollusques assez analogues à ceux dont les coquilles, mentionnées plus haut, sont enfouies dans les assises du terrain de Saint-Ouen.

De temps en temps, entre les couches très régulières de l’argile plastique, sont intercalés des lits de sables parfois très blancs ou des veines tout à fait noires de lignite dont une coupe de la rue de Boulainvilliers a fourni des exemples particulièrement nets.

Ce lignite n’est pas autre chose qu’une variété de charbon, formé par l’accumulation de débris végétaux bien modifiés, comme on pense, dans leur composition première par l’enfouissement qu’ils ont subi depuis des durées dont notre chronologie historique ne saurait donner aucune idée.

Pourtant, on peut reconnaître encore les végétaux d’où viennent ces charbons maintenant fossiles et on distingue des feuilles et des tiges de palmiers et d’autres plantes comparables à celles qui vivent maintenant dans les forêts tropicales ; ce qui conduit à nous révéler qu’avant l’extension à Paris de la mer où s’est déposé le calcaire grossier, la région était continentale, pourvue d’un grand lac et ombragée d’essences arborescentes qui supposent une météorologie très différente de celle dont nous subissons aujourd’hui les vicissitudes.

En plusieurs points, et tout spécialement à la traversée de la Seine, là où la rivière sort de Paris, l’argile plastique laisse atteindre, au-dessous d’elle, des terrains qui sont nettement différens de tous ceux que nous avons précédemment énumérés. Ils sont si caractérisés que les classificateurs les ont rangés dans la catégorie des formations secondaires pendant que les autres sont presque tous de la division des terrains tertiaires : contraste qui semble d’ailleurs bien plus profond qu’il ne l’est en réalité.

Car on me permettra de rappeler ici le caractère essentiellement artificiel de ces distinctions auxquelles on a par erreur, et durant si longtemps, attribué une importance si considérable : on sait maintenant, et de science certaine, que les phénomènes de la sédimentation se sont poursuivis sans interruption depuis l’origine des choses et que toutes les coupures faites dans les série » stratifiées, indispensables comme procédé d’étude et d’enseignement, sont dépourvues de toute réalité objective.