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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 35.djvu/897

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haute signification, concerne sa constitution intime aussi bien que sa composition chimique. On peut poursuivre, jusque dans les plus intimes détails, la comparaison entre cette antique formation et certains dépôts de nos grands océans actuels.

Il se trouve en effet que, parmi les myriades d’objets de si grande valeur scientifique qui ont été extraits des abîmes sous-marins par les expéditions dont le souvenir est dans toutes les mémoires, figurent les vases déposées dans l’Atlantique par plusieurs kilomètres de fond et coïncidant pour l’ensemble de leurs caractères avec la craie proprement dite. L’analogie est même si intime que, malgré la prodigieuse durée des temps écoulés, on peut croire que, de l’époque crétacée à l’heure présente, la formation de la craie n’a subi aucune interruption.

C’est que la craie, parmi les roches calcaires, représente l’un des types les mieux définis et, en même temps, l’un de ceux qui peuvent nous frapper le plus à cause de la part considérable qu’a prise à son édification la collaboration des forces biologiques : une importante proportion de sa substance résulte de l’accumulation de vestiges animaux.

Ce sont des coquilles microscopiques, et d’autant plus nombreuses, d’êtres dont les très proches voisins pullulent encore dans la mer : elles se présentent comme de minuscules ampoules infiniment légères, d’une variété et d’une élégance de forme et de structure vraiment merveilleuses. On ne se lasse pas de les admirer avec l’aide de l’appareil grossissant et l’on reste confondu, en étudiant leurs représentans actuellement vivans, de constater que les êtres qui les ont fabriquées sont si simples qu’on chercherait en vain, dans la matière homogène qui constitue leur corps, le moindre délinéament d’un organe quelconque. Chacun d’eux est une simple gouttelette d’aspect huileux dans laquelle le besoin de locomotion, de préhension détermine la production des membres, membres provisoires d’ailleurs, aussi éphémères que le besoin qu’ils ont à satisfaire et qui ne sont que des filamens poussés pour la circonstance au travers des perforations dont la coquille est véritablement criblée.

Les « foraminifères » de la craie, aussi fragiles qu’ils sont délicats, ont dû être détruits, pour le plus grand nombre, au sein du sédiment qu’ils contribuent à former, et ils ont dû aussi, bien souvent, se dissoudre dans la mer où ils avaient vécu. C’est