publiés récemment[1], reprendre l’étude de ce sujet au point où je l’avais laissée, c’est-à-dire à l’année 1681 et, cette fois, montrer le rôle plus important que jouèrent les consuls ou les envoyés extraordinaires du roi de France en Alger.
Il faut remonter un peu plus haut, pour expliquer l’intérêt politique et commercial que la France avait dans cette partie septentrionale de l’Afrique, appelée le Magreb. Les deys d’Alger, les beys de Tunis, Salé et de Tripoli, sujets du sultan de Constantinople, disposaient alors de la marine la plus formidable qu’on connût sur la Méditerranée. Le premier, à lui seul, avait 75 à 80 galères ; si l’on y ajoute celles de Salé, Tunis et Tripoli, et la flotte des Turcs, on arrivera au chiffre de 250 à 300 voiles pour le total des forces maritimes des musulmans. Seules les flottes d’Espagne et de Venise étaient en état de leur tenir tête ; mais la marine de la France n’existait pas encore et les côtes de Provence et du Bas-Languedoc étaient exposées sans défense aux incursions et aux razzias de ces hardis corsaires. Les navires marchands de Marseille et de Bordeaux n’eurent pas moins à en souffrir. Les dommages se montaient chaque année à des centaines de mille livres de marchandises et à des milliers de Français, capitaines ou matelots, ouvriers ou paysans.
Aussi comprendra-t-on que François Ier, déjà allié de la Porte Ottomane (depuis 1525), dès qu’il apprit la nomination, par le sultan Selim II, de Barberousse au poste de capitan-pacha, c’est-à-dire amiral des flottes musulmanes, s’empressa de se concilier son appui contre Charles-Quint. L’Espagnol, en effet, était l’ennemi commun, c’était la puissance la plus redoutable pour les musulmans d’Afrique. Depuis 1505, il avait conquis Mers-el-Kebir, Oran, Bougie ; il fut maître de Tripoli jusqu’à 1551, et de Tunis jusqu’à 1574.
Ce fut le terrible Barberousse qui fit les premières avances, en envoyant à François Ier, l’année même où il fut promu au rang de capitan-pacha (juillet 1533), un ambassadeur avec de riches présens ; l’année suivante, une trêve de trois ans était conclue entre le Roi très chrétien et le bey musulman qui assurait la sécurité à nos navires et à nos commerçans trafiquant dans le Magreb. En février 1536, la régence d’Alger était comprise
- ↑ Deslandres, l’Ordre des Trinitaires pour le rachat des captifs, 2 vol. in-8o. Paris. 1903. Paul Masson, Histoire des établissemens et du commerce français dans l’Afrique septentrionale, Paris, 1903, in-4o.