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L’OCCULTISME




I. — DÉFINITION DE L’OCCULTISME ET DES PHÉNOMÈNES OCCULTES

L’occultisme n’est pas l’étude de tout ce qui est caché à la science. C’est l’étude des faits qui, n’appartenant pas encore à la science, — je veux dire : à la science positive au sens d’Auguste Comte, — peuvent lui appartenir un jour.

Les faits occultes sont en marge, ou dans le vestibule de la science, s’efforçant de conquérir le droit de figurer dans le texte du livre ou de franchir le seuil du palais. Et il n’y a aucune contradiction logique à ce que ces faits cessent, un jour, d’être occultes pour devenir scientifiques. Le professeur Charles Richet les appelle métapsychiques. Comme en réalité ils sont vraiment psychiques, j’aimerais mieux les appeler juxtascientifiques ou prescientifiques.


La Revue s’est toujours intéressée à l’analyse de ces phénomènes qui paraissent extraordinaires, merveilleux, supranaturels ou supranormaux, tant qu’ils ne sont pas devenus scientifiques. Je rappellerai tout spécialement : en 1833, la lettre de Chevreul à Ampère sur une certaine Classe de mouvemens musculaires ; et, en 1854, les articles de Babinet sur les Sciences occultes au xixe siècle, les tables tournantes et les manifestations prétendues surnaturelles. À ces articles, qui marquent le début des études scientifiques sur les mouvemens involontaires et inconsciens, il faut joindre ceux de Peisse sur les sciences occultes au xixe siècle et sur le magnétisme animal (1812) et de Paul de Rémusat sur le merveilleux autrefois et aujourd’hui (1861).

Ces travaux démontrent d’abord que l’amour du merveilleux