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l’existence scientifique, on ne peut admettre, comme moyens de démonstration, que l’observation, l’expérimentation, la déduction ou l’induction. Comme le dit très bien M. Maxwell, « l’analogie et les correspondances n’ont pas dans la logique ordinaire la même importance, » et, en science positive, « la vérité ne saurait être utilement cherchée dans l’analyse d’un livre très beau, mais très vieux. »

Je ne m’occuperai pas non plus de la théosophie qui est une sorte de religion, accuse un « curieux mouvement mystique » mais n’a rien à voir, non plus, avec les procédés de la science.

Dans mon esprit, le mot « occulte » n’a donc rien de commun avec les mots « dissimulé, » « réservé aux initiés, » « ésotérique, » « hermétiste… » On peut étudier les phénomènes occultes même les plus complexes comme les matérialisations, sans être occultiste au sens de Papus et sans être théosophe. On peut également les étudier sans être spirite.

C’est là une seconde distinction à faire : il ne faut pas confondre le spiritisme avec l’occultisme. Le spiritisme est une théorie (que je discuterai plus loin) admise par certains auteurs pour expliquer les faits de l’occultisme. Mais on peut étudier ces faits sans adopter cette théorie. On peut faire tourner les tables, on peut être médium sans évoquer les esprits. Un des objets principaux de cet article est précisément de prouver la nécessité d’étudier séparément les théories et les faits.

Enfin la question du surnaturel est, elle aussi, absolument distincte de la question de l’occultisme. Le surnaturel, non seulement n’est pas de la science (ce qui le rapproche de l’occulte), mais n’en sera jamais, ne peut pas en être, et par là il se sépare absolument de l’occulte. Notez qu’en constatant ceci je ne crois en rien diminuer la valeur de nos connaissances sur le surnaturel. Mais la connaissance que nous avons du surnaturel n’est pas d’ordre scientifique, et ne peut pas devenir d’ordre scientifique sous peine de disparaître. Un miracle susceptible d’être, un jour ou l’autre, scientifiquement expliqué ne serait plus un miracle. Ceci pour souligner, une fois pour toutes, que je ne m’occuperai dans cet article ni du surnaturel ni du miracle.


Le terrain me paraît donc nettement circonscrit et défini. Je limite l’occultisme à l’étude des phénomènes qui, 1o n’appartiennent pas encore à la science, 2o peuvent sans contradiction logique en faire partie plus tard.