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LE MONDE DES ÉCOLES
DANS
LA GAULE ROMAINE

Un jour que Cicéron voulait consoler son frère Quintus, qui gémissait de rester si longtemps maintenu dans son gouvernement d’Asie, il le félicitait du moins de n’avoir pas été envoyé chez des peuples « barbares et sauvages » comme les Espagnols, les Africains ou les Gaulois. Il ne se doutait guère, en écrivant ces mots, que c’était dans cette Gaule inculte, dans les montagnes de Bibracte ou sur les bords du fleuve Océan, qu’il trouverait quatre siècles plus tard ses plus fidèles imitateurs. C’est pourtant ce qui est arrivé. Nulle part l’éloquence cicéronienne ne semble avoir été étudiée avec plus de piété que dans les écoles d’Autun, de Trêves et de Bordeaux ; nulle part elle n’est reproduite avec une docilité plus pieuse que dans les discours adressés aux empereurs. du IVe siècle, et qui, avec l’éloge de Trajan par Pline, ont formé le recueil des Douze Panégyriques. Ces harangues sont presque toutes, sinon toutes, d’origine gauloise. Deux ont été prononcées à Trêves, en l’honneur de Maximien Hercule, par un rhéteur probablement issu d’Autun. Une autre a été débitée à Autun même, lors de la restauration des écoles de cette ville, par leur directeur Eumène. Les cinq Panégyriques suivans ont été adressés à Constance Chlore ou à son fils Constantin, dans la résidence impériale de Trêves selon toute apparence. L’auteur du dernier discours, Drepanius Paca-tus, a célébré Théodose dans le Sénat de Rome ; mais il nous apprend lui-même qu’il était né au fond des Gaules, « près