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Pison, nous trouvons bien un éloge de l’autorité monarchique, seule capable de faire régner l’ordre et la paix intérieure ; mais nulle part il n’est insinué que cette autorité doive se transmettre de père en fils, comme un bien de famille. Il est vrai que l’histoire des trois premiers siècles nous montre de véritables dynasties. C’est bien comme fils de leurs prédécesseurs, — fils réels ou adoptifs, peu importe, les deux titres se confondant pour les anciens, — que bon nombre d’empereurs sont montés sur le trône : Tibère et Néron, Titus et Domitien, les Antonins depuis Trajan jusqu’à Commode, Caracalla, Gordien le jeune, etc. Cependant on ne saurait voir là une succession régulière comme celle des monarchies modernes : le souverain ne peut laisser son pouvoir à son fils qu’en le désignant d’avance au choix de ses sujets, plus souvent de ses soldats ; il n’est pas rare que, pour faciliter la transmission du titre impérial, il associe de son vivant le futur César à l’exercice de son autorité. En tout cas, lors même que l’hérédité existe en fait, elle n’est pas reconnue en droit, et, dans la constitution imaginée par Dioclétien, elle n’a aucune place : c’est par l’adoption, par une sorte de cooptation, que doit se renouveler la tétrarchie, au fur et à mesure des abdications successives, et en tenant compte des besoins de l’Etat et non des liens de famille.

Or, précisément à cette date, nous voyons poindre chez les Panégyristes l’idée de la perpétuité du gouvernement dans la même maison. Déjà, dans le IIe Panégyrique, on parle du fils de Maximien comme d’un véritable dauphin : on se préoccupe de son éducation, non pas seulement comme homme, mais comme futur empereur. Le Ve contient également quelques souhaits pour les enfans qu’ont ou qu’auront les souverains. Le VIe, à propos du mariage de Constantin avec la fille de Maximien, présente des déclarations encore plus expresses : on se plaint que l’Etat ait été longtemps ballotté entre tant de princes divers de caractère comme de destinée, et l’on désire qu’une dynastie nouvelle s’enracine pour toujours dans l’Empire afin de lui donner plus de force. Cette dynastie, on la place sous le patronage de son premier fondateur, Constance, que l’on représente du haut du ciel veillant sur sa postérité. Ainsi posée, l’idée des avantages qu’offre la transmission du pouvoir en ligne directe se développe dans le VIIe Panégyrique, s’épanouit en théorie systématique. D’abord, on ne se contente plus de remonter à