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les pactes de fédération contiennent en substance, dans quel esprit on les applique et quelles garanties de solidité ils présentent. Cet examen offre un intérêt d’ordre positif. Seul, il peut apporter à cette question de politique générale un élément d’appréciation d’une valeur non hypothétique. Les conclusions qu’on en pourra tirer seront encore hasardeuses ; elles ne seront pas, du moins, dénuées de quelque vraisemblance.

Parmi les colonies autonomes britanniques, deux groupes occupent une situation prépondérante. Elle est justifiée par la grandeur de leur territoire, l’importance de leur commerce, la valeur de leurs productions naturelles, et le montant de leurs dettes, dont l’Angleterre, — point capital, — est presque seule créancière. Ces deux groupes sont les fédérations canadienne et australienne. Le Dominion du Canada, en raison de sa situation géographique, n’est pas aussi libre que le Commonwealth australien de suivre ses impulsions. Son contact avec la grande république américaine, sur une frontière de 5 000 kilomètres, l’oblige à considérer l’Angleterre comme la protectrice nécessaire de libertés dont son absorption par les Etats-Unis ne lui assurerait pas un équivalent. La Constitution canadienne, datant d’une quarantaine d’années, reflète moins exactement que la constitution australienne l’esprit fédératif des colonies britanniques à l’époque actuelle. D’autre part, les rapports du Commonwealth australien avec la mère patrie, établis depuis six années, ont eu le temps de prendre consistance. L’étude de la situation de l’Australie dans l’Empire britannique est donc celle qui apportera le plus de lumière sur la physionomie des relations entre les colonies autonomes de l’Angleterre et leur métropole, telle qu’elle se présente aujourd’hui.


I

L’histoire du mouvement fédératif en Australie a été plusieurs fois retracée[1]. Il suffira de rappeler que l’initiative en appartient à sir Henry Parkes, le plus célèbre des hommes d’Etat australiens, qui fut premier ministre dans la Nouvelle-Galles du Sud. C’est la Convention nationale réunie sous sa présidence,

  1. Voyez notamment : J. de Mézeray, Les Nouveaux Etats-Unis, 1901. — A. Viallatte, L’Union australienne (Annales des Sciences Politiques), 1900.