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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 36.djvu/301

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Le gouverneur général du Commonwealth (non plus que celui du Canada) n’a le titre de vice-roi, réservé au gouverneur général de l’Inde et au lord lieutenant d’Irlande. Il ne correspond officiellement en Angleterre qu’avec le ministre des Colonies dont il dépend directement.

Hors l’institution de ce haut fonctionnaire qui, comme on vient de le voir, doit être doué de certaines facultés d’abnégation, le seul lien constitutionnel existant entre l’Australie et la Grande-Bretagne réside dans l’organisation de la juridiction suprême.

La Haute Cour fédérale, créée par la Constitution, possède des pouvoirs étendus et variés qu’il n’est pas nécessaire d’énumérer ici. Mais il convient de s’arrêter à l’examen de sa situation vis-à-vis du Conseil privé du royaume (officiellement du King in Council) afin de mettre en évidence l’atteinte portée à un principe jusqu’alors intact, celui en vertu duquel tous les jugemens rendus par les tribunaux des colonies ou dépendances britanniques sont, — ou plutôt étaient, — susceptibles d’appel devant le comité judiciaire de ce Conseil.

Lorsque, en novembre 1899, le texte du projet de Constitution de l’Australie, adopté à la suite de la procédure rappelée plus haut, parvint à Londres, M. Chamberlain, alors chef du Colonial Office, s’émut de l’esprit ultra-indépendant que reflétait ce document et trouva que les prérogatives dites royales n’y étaient pas suffisamment respectées. Tout en protestant de ses’ ardentes sympathies pour Je mouvement fédératif, il forma le dessein de faire modifier les termes du bill qu’on le priait de présenter à la Chambre des communes. En conséquence, il invita les colonies intéressées à envoyer quelques délégués pour s’entretenir avec lui des changemens à introduire et fit connaître en même temps la substance de ces changemens.

Les colonies s’empressèrent de répondre à son appel ; mais depuis l’époque où le Canada sollicitait la collaboration de la Métropole pour rédiger sa Constitution fédérale, les temps, ou, pour mieux dire, les idées, avaient changé. Dès leur arrivée à Londres, les délégués australiens firent savoir qu’ils avaient mandat formel de n’accepter aucune modification. L’acte fédéral avait été ratifié par le vote populaire dans chaque colonie. Ils en réclamaient l’approbation, tel qu’il était présenté. Ils soutenaient, non sans raison, que tout changement remettrait en question