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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 36.djvu/304

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sont différens de ceux de l’Angleterre. Pourtant, si large qu’elle soit, l’indépendance des colonies autonomes britanniques n’atteint pas encore ce qu’on pourrait appeler la zone dangereuse de la diplomatie ; et là où il n’y a pas de responsabilité, il n’y a pas de droit. Si les colonies autonomes n’avaient pas la sagesse et le tact nécessaires pour éviter des querelles, l’Angleterre devrait les prendre à son compte ou désavouer ses colonies. Pour se garder d’une aussi fâcheuse alternative, il eût été peut-être préférable de ne pas encourager en Australie des aspirations, honorables sans doute, mais au moins prématurées. Elles paraissent déjà d’une ampleur qui dépasse la mesure des ressources financières du pays et les moyens d’action dont il pourrait disposer en de pressantes circonstances.

Ainsi, le texte même de la Constitution fédérale a mis en évidence la situation imprécise des colonies britanniques autonomes vis-à-vis des pays étrangers. L’expérience du fonctionnement de la Fédération en a fait ressortir les inconveniens.

J’ai déjà signalé[1] le caractère original, mais exclusif et même presque agressif, de la législation australienne sur le commerce et la navigation, créée sous la pression du parti socialiste. Or, en ce pays, comme en tous pays neufs, l’expérience administrative des fonctionnaires est parfois un peu courte, leur zèle n’est pas tempéré par les traditions du service, et la connaissance du droit international est peu familière au personnel dirigeant. Ce concours de circonstances a pour effet de multiplier les incidens où des intérêts étrangers peuvent avoir de justes motifs de plaintes. Lorsque, en présence de réclamations fondées sur l’équité naturelle, les usages des autres nations, la pratique de la réciprocité, et même sur les textes de conventions en vigueur, le gouvernement fédéral, soucieux de se montrer énergique, éprouve néanmoins quelque embarras à justifier ses décisions, il est enclin à se dégager en disant que la question dont il s’agit est « impériale » et qu’il faut adresser les réclamations à Londres.

Le gouvernement britannique se trouve-t-il dans un cas analogue au sujet d’une question australienne, il fait observer que son désir de donner satisfaction aux demandes du gouvernement

  1. Voyez la Revue du 1er octobre : le Socialisme en Australie.