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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 novembre.


Les premiers pas du cabinet Clemenceau dans la carrière parlementaire ont été marqués par une déclaration ministérielle, par un remarquable discours de M. Briand sur la séparation de l’Eglise et de l’État, et par un autre de M. Viviani sur le ministère du Travail dont il est le titulaire. La Chambre a ordonné l’affichage de ces deux discours qui se ressemblent peu.

Ce sont là des manifestations d’importance inégale. La déclaration ministérielle n’a pas sensiblement tranché sur la banalité habituelle de ces morceaux d’apparat. Le document a paru prolixe, et en somme un peu vide, en dépit de toutes les réformes qui y ont été énumérées. La plupart ont déjà figuré dans les déclarations de ministères antérieurs : elles ont fait l’effet de vieilles connaissances. Il faudrait une longue existence ministérielle pour en réaliser la dixième partie. L’accueil fait à la déclaration a été réservé, et même un peu froid. Le passage le plus applaudi est celui qui se rapporte, pour les condamner, aux projets de désarmement dont certains esprits sont hantés. M. Clemenceau a déclaré avec fermeté qu’il ne croyait ces projets réalisables, ni aujourd’hui, ni demain, ni de longtemps. Dans la situation actuelle du monde, un pays doit rester solidement armé pour être respecté, et la plus sûre garantie de la paix est l’équilibre même qui s’établit entre les forces militaires des diverses puissances. Ce n’est cependant pas la seule : M. Clemenceau a rappelé que la paix repose aussi sur les alliances et les amitiés conclues par la diplomatie. Nous resterons fidèles à une alliance dont nous apprécions le prix autant que nous l’avons jamais fait. Les amitiés plus récemment contractées ou resserrées y ont apporté une