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REVUES ÉTRANGÈRES

UN VOYAGEUR ÉCOSSAIS AU XVIIe SIÈCLE


The totall Discourse of ihe Rare Adventures and Painefull Peregrinations of long Nineteene Yeares Travayles from Scotland to the most famous Kingdomes in Europe, Asia, and Affrica, par William Lithgow. Nouvelle édition, 1 vol. in-18, illustré, Glasgow, librairie Mac Lehose, 1906.


Peut-être n’a-t-on pas tout à fait oublié l’aimable figure du poète anglais Thomas Coryat, qui, en l’année 1608, ayant été frappé d’une description de Venise dans un livre du cardinal Contarini, avait traversé l’Europe, sur de solides souliers plats à double semelle, pour aller se remplir les yeux et le cœur de la beauté de cette très glorieuse, incomparable, et vierge cité ? » Pour moi, du moins, qui ai eu le bonheur de lire dans leur prose originale, avant d’essayer de les résumer ici[1], les deux gros volumes de ses Crudités, je dois dire qu’il y a peu de figures qui me restent plus vivantes, mais surtout plus chères, que celle de ce grand enfant, naïf et spirituel, toujours prêt à s’émerveiller de tout comme à s’en amuser, et, d’après la juste définition de son ami, le poète parisien Jean Loiseau,


… si doux et si plein d’innocence
Que son plus haut savoir luy est comme ignorance.


Sage, joyeux, et charmant Coryat, modèle parfait des guides et des compagnons de voyage, combien tu m’as manqué, ces jours derniers, pendant que je suivais dans ses « péoibles pérégrinations, » plus

  1. Dans la Revue du 15 octobre 1905.