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leurs habiles et si exactes reproductions des estampes des XVIIe et XVIIIe siècles, des peintres de l’époque romantique et des tableaux de choix qui composent, dans les galeries ou le Musée de la Comédie-Française et dans les collections publiques et privées, le long cortège des gloires du théâtre. « Avivant tout cela de son crayon spirituel et sûr, M. Georges Scott aura multiplié, pour l’agrément de l’imagination et le plaisir des yeux, les ingénieux dessins, les croquis enlevés sur le vif, les jolis portraits, toute une série d’impressions charmantes glanées au cours de ses visites en la maison de Molière.

Aussi longtemps que les belles qualités de la langue française seront appréciées, on recommencera les éditions des Lettres de Mme de Sévigné[1], on se sentira attiré par celle qui fut l’ornement de son siècle et n’a perdu aux yeux de la postérité aucun de ses attraits ; on relira cette merveilleuse correspondance, où l’on pense, l’on aime et l’on pleure avec elle ; mélange de naturel, de sensibilité et de goût, de grâce légère et d’esprit, où tout est passion, tout est action, où la finesse d’observation, le bonheur et la justesse d’expression abondent et concourent à rendre avec tant d’aisance et de mouvement, dans un style de première venue et prime-sautier, les scènes de la vie et des mœurs de l’époque du Grand Roi. Ce nom de Rabutin, — qui depuis le XIe siècle se transmettait comme un héritage de vaillance, porté par tant de chevaliers dont plusieurs étaient morts pour le roi de France à Marignan et dans d’autres batailles, et qu’avait illustré, d’autre part, la fondatrice de l’ordre de la Visitation de Sainte-Marie, qui ne fut béatifiée que bien plus tard en 1757, sous le nom de sainte Chantal, — la marquise de Sévigné, sa petite-fille, devait à son tour le couronner de gloire et l’immortaliser. La correspondance de Mme de Sévigné est, on le sait, l’œuvre de sa vie entière, et elle ne s’arrête qu’à la veille de sa mort sans subir d’interruption. Un puissant intérêt historique s’y rattache. Les illustrations de Chalus qui font corps avec le texte, sont dans le caractère du temps, scènes et costumes, contribueront aussi à faire rechercher cet élégant ouvrage de l’éditeur Juven, qui met la même recherche originale dans tout ce qu’il publie et qui nous donne cette année un choix des plus variés de livres d’étrennes.

Le succès obtenu par les albums historiques de M. Armand Dayot, qui a entrepris de raconter à ses contemporains l’histoire de France par l’image, l’a engagé à évoquer dans son nouvel ouvrage : De la Régence à la Révolution[2], la vie française à la fin du XVIIIe siècle, la

  1. Juven.
  2. Flammarion.