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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 37.djvu/508

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II. — LA SOLUTION
I

Le Concordat fut une conséquence de Marengo. En mai 1800, Bonaparte franchissait les Alpes avec l’armée de réserve. Avant de passer lui-même le Saint-Bernard, il avait logé à Martigny sous le toit des Bernardins. Un dimanche, comme l’heure de la messe avait sonné, les moines vinrent l’avertir ; il s’excusa poliment de ne point les suivre, alléguant un surcroît de travail. Quinze jours après, le coup de foudre de Marengo a retenti. Rentré triomphalement à Milan, affranchi par l’épée, investi par la victoire, Bonaparte ne craint plus de s’affirmer chef d’une nation catholique et écrit à ses collègues Cambacérès et Lebrun :

« Aujourd’hui, malgré ce qu’en pourront dire nos athées de Paris, je vais en grande cérémonie au Te Deum que l’on chante à la métropole de Milan. » Dans le Bulletin de l’armée, il insiste sur les particularités de cette cérémonie déjà presque impériale et s’y délecte : « Il a été reçu à la porte par tout le clergé, conduit dans le chœur sur une estrade préparée à cet effet et celle sur laquelle on avait coutume de recevoir les consuls et premiers magistrats de l’empire d’Occident... Cette cérémonie était imposante et superbe[1]. » Recevant les curés de Milan, parlant à ces pasteurs d’un peuple dévot, ressentant l’influence du milieu, il force la note, se fait plus catholique en Italie qu’en France, de même qu’en France il s’est montré plus tolérant dans la Vendée qu’ailleurs. Il affirme la compatibilité de la religion des Apôtres avec l’institution démocratique et montre que la communauté de culte est un lien de plus entre Italiens et Français : « Que pouvez-vous attendre des protestans, des Grecs, des musulmans qu’on vous a envoyés (c’est-à-dire des Anglais, des Russes et des Turcs) ? Les Français, au contraire, sont de la même religion que vous[2]. » Il se résout enfin à la démarche décisive. Au moment de repasser les Alpes, il s’arrête à Verceil pour confier au cardinal-évêque Martiniana et faire parvenir à Rome les premières paroles, celles qui expriment le désir d’un règlement général des affaires religieuses en France par accord avec

  1. Corr., 4927. -.»
  2. Œuvres de Rœderer, VI, 411.