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pas d’œuvres religieuses. Sortie des conférences de la rue d’Athènes, elle garde l’idée maîtresse qui les avait inspirées : renseigner, comme le dit le tract de propagande, la femme sur son rôle dans la société ; lui faire mieux comprendre comment son action peut s’exercer dans la famille, dans l’éducation, dans les professions, dans la cité ; l’aider à défendre les principes sur lesquels a de tout temps reposé notre vie française, l’intégrité de la famille, la dignité du mariage, l’autorité des parens en matière d’éducation. Le but de l’œuvre est intellectuel, social et familial : elle doit aider la mère de famille à réparer le passé, à orienter le présent, et à préparer l’avenir. C’est une œuvre d’éducation des plus étendues, touchant à tous les sujets qu’une femme et une mère peut avoir à connaître, et c’est une œuvre d’idées.

On voit donc tout de suite en quoi consiste l’enseignement théorique. On apprend à la femme qu’elle a une mission de conseil, de dévouement et d’apaisement à remplir, et ce sont toujours des conférénciers qui se chargent de le lui apprendre. Le titre seul des conférences d’une année, la cinquième, par exemple, indique bien leur généralité : La pensée libre et la libre pensée, par M. G. Fonsegrive ; Le Rôle musical de la femme, par M. Vincent d’Indy ; L’État père de famille, par le comte de Las Cases ; La Patience de la femme dans l’éducation, par M. Arnould ; Serviteurs d’hier et serviteurs d’aujourd’hui, par le marquis de Dampierre ; L’Education civique, par M. Albert Vandal ; L’Education du sens professionnel, par M. Jean Brunhes ; La Peur de vivre, par M. Henry Bordeaux ; L’Education du sentiment religieux, par M. Lerolle ; La Fraternité, par M. Jules Lemaître. Et si l’on parcourt toutes les conférences, on y retrouve les mêmes idées qui, réunies, constituent une véritable doctrine. M. Brunetière, dans son Discours sur les deux féminismes, précise le rôle essentiel de la femme ; il y a trois choses dans les sociétés modernes dont la conservation est principalement, sinon exclusivement, remise aux femmes : la famille, la patrie et la religion. M. Jules Lemaître veut que, pour s’élever et se maintenir en dignité, la femme ne vise pas à faire l’homme, mais soit au contraire complètement femme, par l’acceptation totale des fonctions bienfaisantes de son sexe, par ses vertus d’épouse et de mère, par cette faculté de dévouement et le don des consolations qui sont en elle. M. Albert Vandal souhaite que la femme s’applique