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vivantes ; et cette admirable vue de Lamarck, confirmée par les travaux de Darwin, avait été rendue tangible par les découvertes de l’embryogénie. M. Quinton, en montrant ces deux faits corrélatifs l’un de l’autre, explique pourquoi il y a une évolution. On peut tenter d’infirmer la valeur de cette explication, on n’en peut contester la nouveauté absolue. »

Cette analyse et ces citations donneront entière satisfaction à MM. de Gaultier et Corpechot.


Il me sera permis d’ajouter que, moi aussi, je reçois de ces lettres un commencement de satisfaction.

Qu’ai-je dit d’essentiel ? Deux choses.

Soit à la séance de l’Institut, soit dans mon article du 1er janvier, j’ai dit que l’on nous offrait des vieilleries comme des nouveautés. Et c’est le premier point. Le fixisme physiologique et le transformisme morphologique sont deux bonnes anciennes doctrines classiques qui ont bercé notre enfance. — J’ai dit, de plus, que ces deux doctrines coexistent sans s’exclure ou s’absorber, comme le veut l’école nouvelle ; et c’était mon second point. — Des deux parts, je crois avoir cause gagnée.


Il n’y a point de doute, en effet, que la doctrine de la fixité du fonds vital, de l’unité vitale, appuyée sur l’anatomie générale et sur la physiologie générale, ne soit une des colonnes de la biologie. La fixité vitale, — l’unité vitale, — l’unité, la communauté des processus vitaux, — la fixité de composition du milieu vital chez les animaux supérieurs (loi de perfectionnement), — toutes ces notions fortement établies sont l’œuvre illustre des fondateurs de la biologie, et en particulier de Claude Bernard. C’est tout à fait vainement que certaines personnes, philosophes et hommes de lettres, dont ce n’est point le métier de connaître la physiologie, ont tenté de nous présenter la fixité vitale, l’unité vitale de Claude Bernard comme une découverte d’hier, due à quelqu’un de leurs amis. C’est vainement qu’ils se réclament de la prétendue loi de constance du milieu marin originel, — dont le mieux que l’on puisse dire, c’est qu’elle est une hypothèse ; — ce dont ils parlent, en réalité, ce qui entre dans leurs argumentations, c’est bien la fixité, l’immuabilité, la constance du fonds vital anatomique et physiologique ; et cette notion n’est ni nouvelle, ni fondée sur de fragiles hypothèses. Et c’est si bien cela que lorsque j’ai parlé à l’Institut, — non du milieu marin originel, — mais