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part que l’esprit d’invention de M. Briand. Comprendra-t-on enfin qu’il vaudrait mieux supprimer ces marches et ces contremarches laborieuses et s’aborder directement ? Profitera-t-on de la Déclaration des évêques pour faire un pas vers l’apaisement ?

La rupture a eu lieu à propos de la déclaration : l’incident étant d’hier, personne ne l’a oublié. Aujourd’hui tout le monde reconnaît que la déclaration est une formalité parfaitement vaine, qu’elle ne sert à rien et qu’il faut la supprimer. Naturellement, on ne la supprime pas pour les réunions cultuelles seules ; cela ressemblerait trop à un premier pas sur le chemin de Canossa ; on la supprime pour toutes les réunions publiques, quel qu’en soit l’objet, et on déclare avec joie qu’il y a là un progrès libéral très sensible : on oublie seulement de rendre justice au Pape auquel ce progrès est dû, si c’est en est un. Sans lui, qui en aurait eu l’idée ? On accuse habituellement les influences religieuses d’être conservatrices à l’excès, et même réactionnaires : dans le cas actuel, elles ont été réformatrices et libérales. Comment continuer de soutenir, après cela, que le Pape n’a pas une action directe sur notre législation intérieure ? C’est M. Flandin, député de l’Yonne, qui a déposé le premier une proposition de loi sur la matière ; le gouvernement s’est empressé d’en accepter le principe et s’est contenté d’y ajouter quelques dispositions accessoires. L’avenir dira si la suppression de la déclaration, appliquée à toutes les réunions publiques indistinctement, n’est pas sans danger : pour aujourd’hui, l’assentiment est général. La loi sera donc votée, et, dans quelques semaines, chacun pourra, à toute heure du jour ou de la nuit, tenir une réunion publique sans aucune déclaration préalable. Pourquoi ? Parce que le Pape a interdit aux catholiques d’en faire une : on chercherait en vain une autre raison.

Ce n’est pas tout. Au cours de la discussion du budget des Cultes, M. Milliard, au Sénat, a posé au gouvernement une question délicate : les églises resteront ouvertes, mais par qui seront-elles entretenues et réparées ? Sous le régime de la loi de 1905, rien de plus simple. Les églises étant mises à leur disposition, les associations cultuelles devaient les entretenir : elles pouvaient même en être dépossédées si elles ne le faisaient pas. Mais le Pape s’étant opposé à ces associations, les catholiques n’en ont pas formé, et les églises sont revenues aux communes qui en sont propriétaires : elles leur sont revenues, il est vrai, avec leur affectation spéciale que les communes ne peuvent pas changer. Sous cet autre régime, il est clair que les communes seules peuvent entretenir les églises ; ce n’est