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à citer celui du nom même des Français, qui s’écrivait et se prononçait François, il y a trois ou quatre siècles. De même en langue française le mot Anglais, se disait Anglois, etc. Ici récriture a changé en même temps que la prononciation ; ce qui na pas toujours eu lieu. La trace de ces prononciations anciennes subsiste même aujourd’hui dans certains noms propres, dont l’orthographe a conservé plus de fixité, pour des motifs faciles à comprendre. Tels sont les noms propres : François, Lefrançois, Langlois, constituant des doublets par rapport à la prononciation actuelle. On ne saurait douter que des variations semblables ne doivent continuer à se produire, dans la suite des années, de façon à faire disparaître progressivement les conformités absolues entre l’écriture et la parole, qui pourraient être établies par artifice à une époque donnée.

Observons que ces diversités de prononciation d’un même mot n’ont rien d’arbitraire. Les causes en sont multiples. Sans doute, elles résultent en partie d’habitudes acquises par l’éducation, en partie aussi du climat et de l’habitat, intervenant en raison des inégalités de température, d’état hygrométrique de l’air, etc. Mais ces diversités sont, à un degré plus profond, corrélatives de différences anatomiques dans la structure même des organes de la voix chez les individus : larynx et cordes vocales, bronches, gorge, palais, dents, langue, joues, lèvres. Les adjectifs : gutturales, palatales, dentales, labiales, appliqués à certaines lettres ou syllabes par les grammairiens, en témoignent d’une façon catégorique.

Ces différences sont faciles à constater entre les races humaines : Européens, Sémites, Mongols, et plus particulièrement, Français, Anglais, Allemands, Italiens, Espagnols. Elles doivent exister, même pour une région donnée, entre les générations successives d’une nation identique, ou modifiée par le mélange inévitable et incessant des races voisines.

En raison de ces différences phonétiques, qui rendent incertaine, quoi qu’on fasse, l’appréciation purement auditive de la prononciation, il paraît nécessaire de la définir autrement que par l’usage ; je veux dire par les méthodes des physiciens, qui enregistrent sous la forme de dessins rigoureux les signes tracés sous l’influence des vibrations sonores. Cela peut avoir lieu au moyen de certains instrumens.

Le problème de l’enregistrement des sons de la voix humaine