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pensée profonde de Fogazzaro : ceux qui parlent -au nom de l’Église ne savent pas assez distinguer l’immuable du changeant, et ainsi ils immobilisent l’élément qui doit progresser. C’est donc seule la partie humaine de l’Église qui est à réformer, et la réforme n’en atteindrait en rien la partie divine. Et sans doute la distinction n’est pas facile à faire puisque l’auteur de Il Santo, pour avoir voulu trop bien démontrer sa thèse, a représenté les élémens de l’Église en une attitude si tristement humaine, si généralement humaine, si uniquement humaine qu’il s’est attiré une censure ecclésiastique.

Enfin, ce n’est pas seulement la foi qui a besoin d’être purifiée par l’harmonie avec la marche ascensionnelle de l’esprit humain, c’est le culte aussi. Il faut, nous l’avons vu, respecter et pratiquer le culte traditionnel de l’Église, mais il faut prendre garde de le laisser abaisser et corrompre. Il y a assez de dévotions extérieures. On sent ici que l’écrivain est Italien et qu’il a dû être souvent affligé du caractère trop Imaginatif et trop peu intérieur de certaines émotions et de certaines pratiques qui s’étalaient autour de lui. Mais que l’on comprenne bien sa pensée et qu’on ne la dénature pas ! Ce n’est pas le culte qu’il blâme, c’en est l’excès ; et si Benedetto nous conseille de nous replier sur nous-mêmes pour y parler intimement au Seigneur dont la présence y est sensible, cette prière intime ne lui paraît que le complément et la suite des rites collectifs, traditionnels et liturgiques.

Par-dessus tout et avant tout, l’homme doit se purifier lui-même. La première condition de tout progrès, individuel ou social, est de mener une vie haute, noble, sainte. Quand la vie est sainte et la conscience pure, les actes en sont transfigurés. Il n’y a si déconcertante dévotion qui ne rapproche de Dieu, « parce qu’au regard des profondeurs infinies de Dieu, il y a peu de différence entre la foi d’une humble femme » et celle d’un savant, et que celui dont la conscience est juste, c’est celui-là qui passera le premier dans le royaume de Dieu. Quand un juste a l’esprit de charité, de paix, de sagesse, de pauvreté, de pureté, de force, il est, à lui seul, plus profitable au catholicisme et au Père céleste que « tous les congrès, les cercles et les victoires électorales. »

Mieux encore est-il, assurément, d’unir en soi les deux choses : de glorifier Dieu par sa vie, de le glorifier par les œuvres de