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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 38.djvu/141

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renvoyer ma dissertation théologico-politique : sur mon honneur, c’était de bonne foi, car, me disais-je, elle n’aboutira qu’à l’impatienter, et moi, je voudrais avoir cela dans mes papiers. Je l’ai écrite toute d’une haleine, sans pouvoir seulement faire une correction.

« Depuis ma dernière lettre, les choses paraissent toujours plus se mettre à la guerre. Cependant, rien n’est sûr, surtout pour l’époque. Pendant que l’Espagne tient, Napoléon joue une terrible carte en déclarant une guerre qui le mènera loin et, tout violent qu’il est, il pourrait bien y penser à deux fois. Quant à l’Empereur, pour aucune raison, il ne commencera, et il serait difficile de l’en blâmer, quand on connaît bien les hommes, le temps et les choses. Il paie dans ce moment à peu près 900 000 hommes et il a 590 000 baïonnettes en activité ; cette force militaire étant absolument hors de proportion avec les finances de l’Empire, il faut mettre de nouveaux impôts, et c’est ce qu’on va faire. Le prince Wesinsky, sous le règne de Catherine II, obtint le cordon bleu pour avoir doublé les revenus de l’Empire qu’il porta de 25 000 à 50 000. Aujourd’hui, il en faut 400 000 ; il est vrai que c’est en papier. Il y a eu de grands débats dans le conseil au sujet de ces impôts. Cependant ils ont passé, — et que faire ? On parle de deux manières de la Suède. M. Bernadotte nous trompe-t-il en se rapprochant de nous, ou bien est-il de mauvaise foi ? Et Napoléon, en s’emparant de la Poméranie, n’a-t-il voulu que rendre la comédie plus complète ? Ce qu’il y a de sûr, c’est que cet homme est fait exprès pour nuire beaucoup à son ancien maître, si la brouillerie se perfectionne, ce qui ne paraît pas du tout impossible. Ce sont de ces instrumens qu’il faut savoir supporter, car, comme je vous le disais, nul homme sorti de France pour échapper à la révolution ne peut être utile à son maître quant au rétablissement ; ce qui n’empêche pas, comme je vous l’ai dit aussi, que nous ne soyons, vous et moi, parfaitement à notre place.

« Monk était-il un émigré jacobite ? C’était au contraire un républicain exalté, et il avait fait passer au fil de l’épée une ville royaliste. Mais on ne parle plus de tout cela, et les ducs d’Albermale, qui descendent de lui, s’en embarrassent, je crois, fort peu. Les Berwick, les Fitz-James et tous les Jacobites dépaysés furent moins heureux ; mais ils le furent cependant. Ils moururent sans remords et laissèrent des races respectées dans un pays qui sut