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vraies, je suis cependant de fort bonne composition avec celles des autres ; et je conçois par exemple que lorsqu’on appartient à un parti, il faut en épouser toutes les idées ; autrement, si l’on s’avise de choisir, on s’expose à s’en voir chasser sans être admis dans un autre. Soutenez donc les quatre articles puisqu’ils sont articles de foi à Hartwell.

« Le trait le plus distinctif peut-être du caractère français, c’est que lorsqu’une fois, il a joint une idée fausse à une idée vraie, toute la puissance de la vérité ne peut les séparer. Le Français qui a joint l’idée de la prérogative royale à celle des Quatre articles croira toute sa vie à ce bel amalgame, sans jamais se douter que ces articles sont directement contraires à cette autorité, comme à toute autre. Vous, mon cher comte, vous avez joint dans votre tête l’idée de Bossuet et celle de la déclaration : voilà qui est fini. Toute votre vie vous croirez qu’elle est l’ouvrage de ce grand homme et qu’il en fut l’âme, comme on dit chez vous, quoiqu’il n’en ait été que le modérateur et le correcteur. Il se battit avec l’esprit de cette assemblée. Il empêcha une déclaration entièrement schismatique ; on lui força la main sur un point principal ; mais, enfin, il empêcha le mal autant qu’il put et, sous ce point de vue, l’Eglise lui a des obligations. Son discours sur l’Unité que vous ne me paraissez pas avoir lu, du moins attentivement, fut un discours d’ouverture (et non d’approbation) dans lequel, en insistant fortement et très fortement sur l’Unité, il tâcha de prévenir les maux qu’il prévoyait. Ce discours contient une phrase prophétique, bien remarquable : Puissent les déterminations que vous prendrez, Messeigneurs, être dignes de trouver place dans ces augustes registres, etc. Ne dirait-on pas que Bossuet prévoyait cette honteuse exclusion dont vous vous tirez joliment, cher comte ? Basta ! cette balayure s’est trouvée un instant sur le parquet de l’Eglise gallicane ; mais puisqu’elle l’a fait jeter par la fenêtre, n’en parlons plus.

« Vous ne voulez pas que l’Eglise catholique soit une monarchie ! Voici donc les auteurs qui ont nié cette proposition depuis trois ou quatre siècles : Wicleff, Jean Huss, Jérôme de Prague, Luther, Calvin, Richer, les Jansénistes et le comte de Blacas. Bossuet, dans ce sermon sur l’Unité, appelle le Roi et le Pape les puissances suprêmes. En effet, le Pape est aussi Roi dans l’Église que le Roi est Pape dans l’Etat. Votre bon sens même, cher comte, plus fort que vos préjugés, vous amène à le