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autre que Gérard Machet, évêque de Castres, qui resta toute sa vie le confesseur du Roi : on suppose assez qu’en cette circonstance c’était le pénitent qui avait stylé le confesseur. M. Noël Valois a eu entre les mains la correspondance de ce confesseur, intransigeant gallican qui eût pu confesser, sans crainte de conflits, tous les ministres de Louis XIV, de Napoléon Ier et de Louis-Philippe. C’est un précieux document : les historiens de la crise actuelle n’en auront point de pareil, car l’exécutif, dit-on, ne se confesse plus.

Ce Machet avait parlé de haut. Par la suite cependant, le Pape ne lui en voulut point, un confesseur de roi étant homme à ménager. Rome, au contraire, devait garder une longue rancune à Philippe de Coetquis, archevêque de Tours, qui, par le menu, rappela les abus de juridiction, d’imposition et de nomination dont la Curie s’était rendue coupable, et acheva, au nom du Roi, d’émouvoir l’assemblée. Celle-ci d’ailleurs avait son siège fait. Après plusieurs jours de discussion, elle prit les fameuses décisions dont l’ensemble constitue la Pragmatique Sanction. L’assemblée semble avoir écarté, — seule concession faite à Rome, — la périodicité des conciles, mesure chère à Bâle, qui transformait le régime de l’Eglise en un parlementarisme assez étroit. Elle adopta sans peine, — et elle eut raison, — les prescriptions du concile relatives à la réformation morale du clergé : mais il est fâcheux que par la suite Eugène IV ait pu prouver que l’évêque élu à Nevers, suivant les règles de Bourges, était concubinarius publicus et père de quelques bâtards.

Le décret sur les élections fut adopté : toutefois, l’action du Roi dans l’assemblée fut assez forte pour qu’on lui fît une dangereuse invite, bien caractéristique de toute cette histoire. « L’assemblée ne voit pas d’inconvénient, disait un amendement, à ce que parfois le Roi ou les princes interviennent dans les élections au moyen de douces prières et de bienveillantes recommandations. » C’était la candidature officielle encouragée, provoquée. A l’heure où, avec la prétention de parler au nom du Christ, on affirmait que Paul pouvait se faire élire sans l’intervention de Pierre, César était invité d’un geste gracieux, par ces zélés admirateurs de la primitive Eglise, à s’ingérer dans le choix des apôtres.

Pour cette question tics élections on renchérit encore sur Bâle. Ou jour où Charles VII tenait pour certain qu’il pourrait peser