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LA LÉGENDE
DE
GIRARD DE ROUSSILLON

I
GIRARD DE ROUSSILLON DANS LA POÉSIE, DANS L’HISTOIRE ET DANS L’HAGIOGRAPHIE

Pendant des siècles, des pèlerins sans nombre, ceux qui s’acheminaient par la route de Gascogne vers Saint-Jacques de Compostelle, ont vénéré à Saint-Romain de Blaye la tombe de Roland, à Saint-Seurin de Bordeaux, à Belin, à Roncevaux les lieux sacrés, illustrés par des miracles, où reposaient les barons de Charlemagne. Pendant des siècles, d’autres pèlerins, qui s’en allaient aussi vers la Galice, mais par la route de Saint-Julien de Brioude, de Notre-Dame du Puy, de Saint-Gilles de Provence, ont visité le champ de bataille des Aliscamps d’Arles où l’enfant Vivien et ses compagnons étaient morts, et ils ont vu fleurir sur la plaine les fleurs rouges, nées du sang des chevaliers martyrs ; à une autre étape, près de Montpellier, ils se sont agenouillés devant la châsse de saint Guillaume de Gellone, qui est le Guillaume d’Orange des chansons de geste. Et d’autres pèlerins encore, ceux qu’attiraient les « grandes reliques » d’Aix-la-Chapelle et les corps saints de Cologne, ont contemplé à Aix la crypte mystérieuse où, leur disait-on, Charlemagne assis veillait,