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une branche nouvelle. Ils voudraient des leçons de gymnastique : ce sera 25 centimes par mois ; ils voudraient une bibliothèque : ce sera 50 centimes par mois ; ils voudraient des leçons de violon : ce sera 2 francs par mois ; ils voudraient un jeu de ballon le dimanche : ce sera 5 centimes par dimanche. Oh non ! rien n’est gratuit ici.

On frappa à la porte : une fillette demanda un renseignement, et s’en alla.

— C’est une de nos petites mères, dit Mlle Gahéry.

Je n’entendais pas ce que Mlle Gahéry voulait dire. Elle s’expliqua :

— Quand nos petites filles ont dix ans, nous leur confions à chacune quatre ou cinq de nos bambins : elles les surveillent, les amusent, les tiennent propres, leur font exécuter les exercices de la méthode Frœbel. C’est ce que nous avons appelé l’école des petites mères. C’est à cet âge-là aussi que nous commençons l’enseignement ménager des fillettes. L’enseignement maternel ne se sépare pas de l’enseignement ménager, et ainsi nous apprenons à nos élèves tout ce qu’elles doivent savoir pour être plus tard de bonnes épouses et de bonnes mères. Cet enseignement ménager date de 1900. De l’autre côté de la rue, vous pourrez visiter l’école ménagère. L’enseignement est donné par des maîtresses diplômées des écoles normales ménagères de Zurich et de Berne. Non seulement ces maîtresses font de nos fillettes des ménagères, mais elles forment aussi, par des cours spéciaux, d’autres maîtresses d’enseignement ménager. Et il y a encore des cours de cuisine populaire pour les mères de famille.

— Et naturellement cette cuisine populaire est très économique ?

— Naturellement. On ne dépense jamais plus d’un franc par personne pour les trois repas de la journée. Tenez : voyez ce menu dressé pour six personnes : il n’atteint pas tout à fait six francs. D’autres œuvres retiennent encore nos fillettes : d’abord l’Œuvre des trousseaux. L’enfant peut y être admise dès qu’elle sait coudre. Quand la jeune fille se marie, elle apporte dans sa corbeille soixante-treize pièces de lingerie qui ont été taillées, cousues, ourlées par elle et ses camarades. L’Œuvre du grand air ensuite. Dans l’été de 1900, je m’étais établie en Savoie avec plusieurs jeunes filles de l’Union dans un chalet. Le matin, les unes allaient aux provisions, les autres apprêtaient le repas ou